Scénariste de l'excellent Truman show et réalisateur d'un Bienvenue à Gattaca inspiré et prenant, Andrew Niccol délaisse la fiction pour une oeuvre réaliste.

Un tel changement artistique est toujours un risque, surtout lorsque le film veut dénoncer de manière sulfureuse et parfois crû, la politique des grandes nations durant les 40 dernières années et accessoirement aujourd'hui.

A travers un personnage fictif, Yuri Orlov, trafiquant d'armes à la morale douteuse, on voyage dans le monde au milieu des plus grands conflits post seconde guerre mondiale. On rencontre ainsi dictateurs et chefs d'états assez renommés.

Le script n'a rien de renversant lorsque l'on sait que les films politiques sont monnaies courantes ces derniers temps (Jarhead et Munich par exemple).

Seulement Niccol a opté pour une approche bien plus cynique avec un ton résolument noir et un anti-héros incarné à la perfection par Nicolas Cage. (Décidément un acteur bourré de talents...).
L'introduction attire tout de suite l'attention et capte le spectateur.(Le suivit d'une balle, de sa fabrication jusqu'à sa destination finale, en l'occurrence le crâne d'un enfant).
Ensuite de nombreuses répliques percutantes narrées en voix off par Yuri entretiennent ce ton.

"Mes armes tuent moins que les voitures ou l'alcool. Et sur mes armes il y a un cran de sûreté"

"Ak-47, produit russe le plus exporté après la vodka et la caviar et les écrivains suicidaires"

Yuri n'est cependant à aucun moment une icône du mal mais plutôt un pion inventé par un système pourri dont interpol essaye de combattre en vainc à l'image du personnage Interprété par Ethan Hawke. Yuri dira même :
"Je suis un mal nécessaire"

Niccol apporte cependant une faiblesse à Yuri, ce commerçant sans moeurs, qui empêche au film d'être seulement l'itinéraire d'un vrai connard mais bel et bien une oeuvre dramatique dans la froideur avec laquelle elle aborde les choses et à quel point elle affecte le personnage principal.
Son frère, junkie n'ayant pas supporté la cruauté qui se cache derrière ce commerce et aussi son épouse pour qu'il éprouve un véritable amour vont l'affaiblir.

Une dernière phrase conclue de fort belle manière le film et ouvre simplement les yeux sur les travers de notre monde actuel :
"Les plus gros vendeurs d'armes sont les cinq pays membres permanents de l'ONU"

Merci monsieur Niccol pour ce grand film!
Tchitchoball

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