Tous les fans de films de genre connaissent John Carpenter, une sorte d'électron libre dans le paysage hollywoodien qui avait su réaliser des classiques du fantastique et de la science-fiction tout en conservant une intégrité artistique que les studios ne permettent pas habituellement. De déboires en déconvenues, le Roger Corman des années 80 avait petit à petit perdu la foi dans l'industrie de cinéma de son pays, une désillusion qui transparaissait d'ailleurs totalement dans son dernier chef-d'œuvre, L'Antre de la Folie (si vous ne l'avez pas déjà vu, arrêtez de me lire et dépêchez-vous de le visionner). Los Angeles 2013 est donc le Remake déguisé de New York 1997 que je considère toujours comme le plus grand Western SF de l'histoire du cinéma mais si ce dernier était un pamphlet virulent de l'Amérique de Ronald Reagan, Los Angeles 2013 représente le baroud d'honneur d'un Big John désabusé par le monde dans lequel il vit, son alter égo Snake Plissken ne cherchant même plus à réveiller la conscience des moutons américains, il parcourt l'aventure dans l'unique but de détruire la civilisation décadente dont Los Angeles se fait le monstrueux reflet. Non seulement Los Angeles 2013 n'est pas un grand film de Big John mais il se révèle être le chant du cygne du réalisateur car ses films suivants s'avèreront aussi insipides qu'ineptes, un pâle reflet de tout ce qu'il a apporté à l'industrie du cinéma de genre depuis ses débuts en 1974. Les effets spéciaux kitchissimes à souhait viennent d'ailleurs souligner l'absence d'ambition de ce long métrage et si on on peut sourire devant l'ironie féroce qui se dégage derrière des protagonistes plus stupides les uns que les autres ou d'un Los Angeles remplit de dégénérés en proie à leurs plus bas instincts capitalistes, le fan inconditionnel du maître saura lire derrière ce spectacle grand-guignolesque un ultime doigt d'honneur en direction d'une industrie à laquelle Big John a définitivement tourné le dos. Il s'agit donc bien du dernier bon film de John Carpenter qui s'il ne brille pas par son scénario fonctionnel calqué sur celui de New York 1997, sa mise en scène dilettante, ses effets spéciaux bas de gamme et ses comédiens en roue libre, arrive tout de même à nous divertir grâce à la malice et au cynisme d'un vieux briscard à l'irrévérence jubilatoire. Bienvenue parmi les humains !

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le 15 mars 2024

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