Dans les rayons dvd de ton hypermarché, tu tombes souvent sur des jaquettes inconnues qui trônent fierement aux côtés des grosses sorties du mois. Ces fameux direct to DvD dont tu n'as jamais entendu parler, et qui pourtant sont mis en avant par le bon vouloir du St Esprit Financier. Parmi ces films aux titres obscures comprenant la plupart du temps les mots clés "Templier", "Cop", "Ultimate" ou encore "Sex", je me suis arrêté devant une jaquette arborant un homme portant un masque à gaz, et une combinaison de protection, dominant le titre "LOS ANGELES ALERTE MAXIMUM". Bam ! ça c'est du quadruple combos de mots clés ! Derrière ce titre totalement pourri se cache en fait Right at your Door, et je m'en vais de ce pas vous en faire une critique.

Brad se réveille tôt ce jour là, il s'est disputé la veille avec sa femme, Lexi. Il lui prépare son café crème comme elle l'aime, il va cueilllir une fleur dans son jardin, dominant la ville de Los Angeles. Brad est un musicien, ou plutôt un chomeur, il vit au crochet de sa femme qui a un bon boulot bien payé au centre ville. Ce n'est pas la vie qu'il avait imaginé, en fin de compte, sa vie aujourd'hui c'est sa femme, et sans elle, il serait bien seul.

Ce début de journée ordinaire va être bouleversé par un message d'information passant à la radio. Une explosion aurait retenti au centre-ville de Los Angeles. Brad appelle sa femme, mais son téléphone est déchargé, et on apprend que de nouvelles explosions viennent de retentir en ville. Brad décide de prendre sa voiture et d'aller chercher Lexi, mais la police a déjà bloqué les différentes voies d'accès à la ville pour laisser la priorité aux équipes de secours et éviter les mouvements de panique. Garé au parking d'une superette, Brad entend à la radio que les bombes qui ont explosé ont répandu une toxine mortelle dans l'air, et les habitants de L.A sont tous invités à se calfeutrer chez eux et d'y rester. Brad se rue dans la superette et prend autant de bandes adhésives qu'il peut. Il fonce chez lui à toute berzingue lorsqu'il est arrêté par une voiture recouverte de cendres, poursuivie par deux voitures de flics. Les policiers sortent de leur véhicule, ils portent tous des masques à gaz, et ils braquent le passager de la voiture pleine de cendres en le sommant de ne pas sortir. Malheureusement le pauvre homme à l'intérieur est paniqué, il sort de sa voiture et tente de s'échapper, lorsqu'il est sommairement abbatu par la police devant le regard terrifié de Brad.

Lorsqu'on regarde Right at your Door il est évident que tout ce début de film nous fait penser aux images du 11 septembre 2001, et le traitement que le réalisateur Chris Gorak en fait ressemble assez à celui d'Oliver Stone dans World Trade Center, à savoir l'histoire de personnes qui ne savent pas ce qui se passe et ont bien plus important à faire que de chercher l'origine du drame. Ici on suit un pauvre mec totalement largué qui ne vit que pour sa femme, et là il ne sait pas où elle est, si elle va bien, il ne peut pas la rejoindre, ni l'avoir au téléphone, et il doit prendre des décisions pour sa propre survie dans la minute. Aidé par l'employé de maison des voisins, un vieux portoricain un peu paniqué, ils vont boucher toutes les entrées d'air avec le scotch récupéré à la superette, et tout le film platique qu'ils vont pouvoir trouver dans les affaires de Brad et Lexi. La maison devient totalement hermétique quelques minutes avant que les premières cendres toxiques atteignent le quartier et recouvrent le sol d'un épais manteau grisâtre.

Le film se présente donc sous la forme d'un huis clos dont le but n'est à aucun moment de montrer un homme survivre et en apprendre plus sur ce qui se passe réellement. Non. C'est pourquoi je trouve que le titre français, "Los Angeles Alerte Maximum" est une putain d'hérésie. Right at your Door c'est une histoire de couple. Ce n'est pas une histoire d'amour où un couple en froid va se réconciler face à l'adversité, c'est bien plus réaliste que ça. Lexi et Brad sont comme tout le monde, ils ont eu des hauts et des bas, ils s'aiment mais ne se le disent pas de la même façon, et ce drame va leur permettre de se dire les choses autrement que par un café crème ou une fleur posée au bord du lit.

Le point central du film est le retour de Lexi chez elle, complètement recouverte de cendres. Elle arrive alors que Brad et le portoricain ont déjà bouché la maison, et Brad ne peut laisser entrer sa femme chez elle. Elle a traversé toute la ville à pied, elle a passé des mouvements de foule, la panique du centre-ville, et lorsqu'elle arrive enfin chez elle, son mari ne veut pas la laisser entrer. Cette scène est poignante, et on se retrouve boulversé par les larmes de cet homme qui chérit sa femme plus que tout mais ne peut se résoudre à la laisser entrer. De là découle tout le fond du film, à savoir un couple qui se trouve séparé par une bache en plastique, et qui pourtant va plus se parler et se dire les choses que par le passé. Situation terrible pour Brad qui pense sa femme condamnée, et qui essaye malgré tout de maintenir la flamme de l'espoir, en écoutant la radio, en appelant les secours d'urgence, etc... Lexi quant à elle se retrouve face à l'adversité, elle commence à avoir du mal à respirer, elle s'énerve face à une situation impossible où rien ne se passe normalement. Elle reçoit des appels de sa mère, ou de son frère, et elle est déchirée entre le besoin de parler à ses proches dans un moment terrible, et l'agacement face aux siens qui la prennent encore pour une enfant incapable de prendre les décisions qui s'imposent.

Mais contrairement à son mari, Lexi peut se déplacer librement, ce qui est une angoisse pour Brad qui ne peut l'empêcher de sortir dans la rue, ou partir à la recherche d'un hopital par exemple. Il est coincé dans sa bulle de plastique, sans clim', où il fait une chaleur à creuver. La frustration de cet homme qui veut que sa femme reste là où elle se trouve, mais qui ne peut strictement rien faire si elle décide du contraire, on la ressent, vraiment. Maintes fois je me suis dit "mais putain connasse reste là!", non pas que le scénario était mal foutu et que je trouvais les réactions incohérentes, bien au contraire. Lexi et Brad sont deux personnalités bien distinctes, et leur comportement est tout à fait juste et intelligemment mené. On assiste à une montée en puissance parfaite, sans avoir recours à des retournements de situations incroyables. Tout reste simple, logique, réaliste. Seul bémol, qui plombe un peu le sentiment final, la fin.

Je ne spoilerai pas la fin de RayD, mais je l'ai trouvée insatisfaisante. Elle est réaliste, imprévisible, mais elle est expédiée à une vitesse qui ne colle pas avec la lenteur de tout le film. Normalement toutes les "intrigues" prennent du temps pour se poser, s'installer, et paraissent donc parfaitement naturelles. Or là, Chris Gorak a voulu jouer l'effet de surprise en accélérant son processus, mais était-ce une bonne idée? Il manque quelque chose à cette fin, quelque chose qu'on était en droit d'attendre après 1h30 de film. Au final c'est un sentiment réaliste, puisque la vie est elle-même source de frustration, mais pour un film de cinéma je ne suis pas sûr qu'il faille appliquer ce réalisme à la lettre. Je pense qu'il faut fantasmer le réel pour inspirer le spectateur. Dans le cas d'un film réaliste, il faut lui proposer une vision réaliste de son histoire tout en prenant des décisions légèrement en décalage pour offrir au spectateur un monde où ses choix peuvent s'avérer déterminants. C'est mon opinion évidemment, vous ne la partagerez peut-être pas. Reste que pour un Direct to DvD, "Los Angeles Alerte Maximum" a bien plus de talent et de mérite que nombre de films sortis en salles, et malheureusement son titre français totalement à chier va freiner ceux qui se fient (et ils ont raison) à la jaquette d'une boite.

Right at your Door n'est pas une série-B, n'est pas un film de genre, c'est un bon drame saupoudré de psychose terroriste. Si vous ne savez pas quoi mater un vendredi soir, je vous le conseille !



Impliquant, immersif, ce Right At Your Door a frolé la très belle surprise pour redescendre au rang des bons films méconnus. Honnete, sincère, le film de Chris Gorak aurait mérité une fin soit plus approfondie, ou alors mieux amenée, mais dans tous les cas ce qu'il nous propose laisse légèrement à désirer, tant cela ne correspond pas à la tension qui croit tout au long de son long métrage. On retiendra une écriture très réaliste et une mise en scène tout en simplicité, qui vont vous mettre instantanément à la place des protagonistes pour de très bons moments de stress et d'émotion. On aurait pu espérer mieux d'un gros film bien marketté, mais pour RayD, il faut à mon sens le prendre pour ce qu'il est, c'est à dire un direct to dvd de qualité qui ne méritait pas un tel titre français.
Anfalmyr
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le 1 sept. 2011

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