Pas facile d'être cinéaste en Bolivie. Il faut déjà réussir à financer son projet et, dans le meilleur des cas, s'attendre à ce que son film tourne dans les festivals du monde entier, en espérant avoir une sortie locale qui, de toutes les manières, n'attirera qu'un maigre public, régulièrement biberonné aux blockbusters américains. Alejandro Quiroga n'ignore rien de tout cela mais il s'est malgré tout obstiné à ce que Los de abajo voit le jour, même si 10 ans ce sont écoulés entre l'écriture et les premières projections. Le sujet lui est très personnel, puisque se déroulant sur les terres de sa famille, quelque part au sud de la Bolivie, non loin de la frontière argentine. Une manière d'attirer l'attention sur une région peu connue de son pays (Quiroga aime à rappeler que, contrairement à une croyance répandue, seul 1/3 du pays peut être qualifié d'Andin) et surtout de l'inégalité de l'accès à l'eau, à la campagne, une ressource essentielle pour les agriculteurs. Le héros de Los de abajo, bourru et guère sympathique, mène ainsi un combat presque perdu d'avance face à la corruption des plus puissants et à l'indifférence des autres. Le film traite un sujet éminemment politique par le prisme de l'intimisme mais a du mal à enthousiasmer, faute d'une vraie clarté et fluidité dans sa narration, ponctuée de scènes courtes et contemplatives qui ne permettent pas de s'intéresser outre mesure à ce malheureux paysan privé d'eau. Dommage, un peu plus d'empathie envers son personnage principal et des dialogues davantage signifiants auraient pu largement aider.

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le 27 sept. 2023

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