Rodrigo Moreno ne manque pas d'audace, pour ressusciter un genre cinématographique oublié (à bon droit), le cinéma libertaire expérimental des années 70.

En vrac : longueurs, lourdeurs, incohérences narratives, cartes postales de paysage, répétitions gênantes, hyperréalisme forcé, velléités poétiques, digressions tortueuses, propos éculé sur l'aliénation et la quête de sens, fin en cul de sac, chanson à texte pourrie dédiée à "la libertad" sur le générique de fin (millésimée années 70, pas un hasard) ... tout y est.

Le montage, qui se veut "arty", est simplement poussif. Tout est lent, uniformément, de la première à la dernière seconde. Il y a comme un problème d'embrayage - hélas, c'est manifestement voulu. Rouler en première durant trois heures, c'est long. L'art de la lenteur maîtrisée joue des contrastes (voir le sublime "Le mal n'existe pas" de Ryūsuke Hamaguchi, sorti en salle deux semaines plus tard). Ici il n'y en a pas.

Berné par la critique, majoritairement dithyrambique, je me suis laissé entraîner. J'en suis ressorti me demandant si celle-ci ne faisait qu'avaliser par principe tout film s'en prenant au capitalisme et prônant la liberté individuelle. Avec un bonus pour le zeste d'exotisme latino. Il y a de ça. Venant des Inrocks et de Libé ça pouvait sembler logique, mais même Éric Neuhof du Figaro lui a tressé des lauriers. Mystère. Le Monde sauve l'honneur, en le mettant au rayon des films passables, catégorie "Pourquoi pas".

Pour ma part, mais cela ne regarde que moi, c'est tout simplement une bouse prétentieuse.

Seule la protagoniste principale sauve quelques scènes, et donc deux points.

Comme elle le dit, et sans ambages, c'est l'histoire d'un abruti et d'un taré. Le réalisateur réussit à en beurrer des biscottes durant trois heures. S'offrant au passage quelques scènes narcissiques à travers le personnage d'un vidéaste résumant littéralement l'approche du film. Passionnant.

Gilca
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le 16 avr. 2024

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Gilca

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