L'action de ce film se déroule sur une île à la frontière du Brésil, du Pérou et de la Colombie. Lorsque j'ai entendu cela, j'ai tiqué : ces trois pays n'ont pas de frontière commune en bord de mer... Après un petit tour sur Google Map je constate que cette ile est bien à la frontière des 3 pays mais qu'elle est située en plein milieu du fleuve Amazone, au beau milieu de la forêt vierge, rendant l'ensemble encore plus exotique, plus sauvage et mystérieux. L'héroïne est une femme Colombienne qui arrive sur l'île (qui est techniquement sur le territoire brésilien) avec sa fille et son fils, après avoir fui la Colombie (il a suffit de traverser le fleuve mais c'est de fait plus compliqué que cela), à cause des FARC; son mari et son autre fille venant d'être tués dans l'effondrement d'un immeuble suite à la révolte du groupe armé. Elle va y chercher du travail, à scolariser ses enfants, à se refaire une vie, si difficile à construire car elle attend pour cela les indemnités de l'assurance suite à la mort de son mari et de sa fille, mais les corps n'ont pas été retrouvés, et sans corps, pas d'argent. Très beau film de la jeune cinéaste brésilienne Beatriz Seigner, qui s'inscrit parfaitement dans le courant du cinéma d'auteur sud-américain du début du 21ème siècle, tout en y apportant une touche délicate et sensible (alors que ce sont des films qui ne s'épargnent généralement rien de la monstration de la violence). Seules quelques petits relâchements narratifs laissent des bouts d'intrigues en suspens et auraient mérité un peu plus d'attention; à part ça c'est une belle découverte et une cinéaste à suivre.