Porté par la détermination d'Amy Ryan, un thriller accompli, sec et captivant de bout en bout.

Ce petit thriller estampillé Netflix est fortement inspiré de faits réels et d’une affaire non résolue datant d’il y a une dizaine d’années. Il faut donc savoir – et un encart en début de long-métrage le signifie bien – que l’on ne saura pas le fin mot de l’histoire. Cela peut être frustrant mais comme le script focalise l’attention davantage sur les errances de l’enquête et l’aspect psychologique des proches des victimes, cela ne s’avère au final absolument pas gênant. Et il faut se dire que la réalité était ainsi et qu’à date cette affaire de tueur en série de prostituées à Long Island fait toujours partie des nombreux cas d’homicide sans réponse laissant la police et la justice exsangue. Et « Lost girls » a eu raison de s’y pencher car, même si les films de tueurs en série sont incalculables, celui-ci fait entendre sa petite voix singulière.

« Lost girls » demeure le premier film de fiction et toujours le seul à ce jour de la réalisatrice Liz Garbus qui est plutôt connue pour des épisodes de série mais surtout des documentaires. Et au vu du scénario qui traite d’une histoire vraie, c’est un excellent choix. Si sa mise en scène ne révolutionne rien certes mais elle s’empare bien de l’essence du sujet et ses images rendent les plages huppées de la zone côtière de Long Island tristes, ternes et presque anxiogènes. Comme une zone de non-droit mais régie par des riches. Le film dure une heure et trente minutes montre en main mais dans ce peu de temps imparti, le scénario parvient à être concis, aller à l’essentiel sans pour autant faire bâclé ou elliptique. On ne s’ennuie pas une seconde et la croisade menée par cette mère pour retrouver l’une de ses filles est haletante et touchante. Tout comme sa kabbale contre des forces de police fainéantes et incapables.

Dans le rôle principal, Amy Ryan, une comédienne sous-employée et sous-estimée vue dans « Gone baby gone » ou « Le Pont des espions », livre une prestation haute en couleur. Déterminée, pleine de fureur et impitoyable dans sa volonté de faire la lumière sur la disparition de sa fille, elle impressionne sans jamais en faire trop. Tomasin McKenzie dans le rôle d’une autre de ses filles apporte un peu de douceur et un point de vue plus doux et intéressant à l’histoire. D’ailleurs, toutes ces femmes, mères, filles ou sœurs proches des victimes, qui viennent faire leur deuil lors d’une veillée funèbre en l’honneur des autres filles assassinées, apportent de l’originalité au récit. Mais également une dramaturgie plus tragique qui permet à ce qui aurait pu être un suspense générique d’être bien plus que cela. La manière dont enquête le personnage principal face à des forces de l’ordre complètement à côté de la plaque est aussi une valeur ajoutée qui donne sens à la naissance de ce film. Un thriller au féminin aussi captivant que déchirant qui, s'il ne marquera pas les annales, vaut clairement le coup d’œil.

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