Infiny Sadness for Terry Gilliam

Le résumé est assez rapide à faire : c'est le making of du tournage que Terry Gilliam a tenté de faire de "L'Homme qui tua Don Quichotte" en 2000. Sauf que le film ne s'est pas fait suite à divers coup de malchances divers et variés et que le making of se transforme en reportage sur un film qui ne se fera pas.

Ce film fait partie de mon "rattrapage culturel" version "Je suis curieux de voir ce film"

En tant que sujet d'étude :

Lost In la Mancha est intéressant à plusieurs niveaux. Bon, déjà, c'est un film sur les aléas de la production du cinéma, sur les trucs catastrophiques qui peuvent arriver lors d'un tournage. Certes, on le sait, tu le sais, vous le savez.

Mais c'est aussi un film sur les deux coulisses du cinéma : D'une part, l'équipe technique, ces gens qu'on voit souvent sous le nom de "1er assistant réalisateur" qui, s'ils sont très bon, n'ont jamais de biopic sur eux. On voit à quel point ils galèrent, avec Gilliam, pour essayer de tenir le projet à bien. Ils reviennent souvent à la caméra, on finit connaitre leur caractère, leur avis sur le projet, presque autant que celui de Terry Gilliam, qui, reveur, tente le tout pour le tout pour que les choses se fassent.
Gilliam qui est un gros chat noir au niveau de ce genre de projets : entre le Baron de Munchausen (équipe pas prête) L'Imaginarium du Docteur Parnassus (acteur principal décédé durant le tournage) et son nouveau Don Quichotte (emmerdes avec son producteur) le bonhomme enchaine les galères, mais on le voit aussi tenter d'improviser, de décaler, de temporiser malgré tout.

Et chose rare, on voit les coulisses financières : les producteurs (qui ne sont pas tous des vereux et cherchent des solutions pour que le film se fasse) et les financeurs (qui, voient avec énervement leur argent fondre comme neige au soleil.) On voit à quel point les discussions avec eux sont super importantes. Petit bonus : tournage européen oblige, on voit des producteurs français avec leur accents. On voit aussi à quel point bosser avec un planning de tournage beaucoup trop serré, avec des gens trop butés est une très mauvaise idée.

Au point, que j'en viens à me demander si le fait de commercialiser ce making of en le vendant comme "le tournage le plus galère de tous les temps" (alors, qu'il y a surtout eu DEUX gros malheurs : la maladie de Jean Rochefort et les coulées de boue) n'est pas aussi un moyen de récupérer un peu l'argent mise dans la pré-production. D'où le passage sous silence que le cheval de Rochefort est mort, affamé, durant le tournage.

Mon avis :

On pensait se marrer. On pensait qu'on allait voir un film comique sur les galères de tournages d'un film, sur les accidents. On ressort de ce film hyper triste. Notamment pour Terry Gilliam : il faut le voir au début du projet, avec ses idées, en train de tourner des bouts d'essais avec des comédiens espagnols, en train de regarder des costumes, etc... Le type est un rêveur et il y a une lumière qui s'allume dans son regard lorsqu'il regarde les bouts d'essais de Jean Rochefort en Don Quichotte et qu'il se dit "Ca y est, c'est lui."

Et la tête qu'il fait lorsqu'il découvre peu à peu tous les problèmes techniques, le problème de prostate de Rochefort et les coulées de boue. C'est un type qui voit un rêve qui s'envole.

Au final, montrer les bouts d'essais du film existent et les montrer dans un documentaire était peut-être la bonne chose à faire : montrer une illusion qui a existé à un moment.