Bien sûr, c'est facile de financer un film quand papa est un des réalisateurs les plus connus, et oui, quand on peut piocher dans son carnet d'adresses, créer une liste technique devient tout de suite plus facile. Mais tout cela ne sert à rien si l'on ne possède pas le talent de son géniteur (Jennifer Lynch, si tu lis ces lignes...).

Et du talent, Miss Coppola en a à revendre, à n'en pas douter. Après le délicieux Virgin Suicides, elle passe à l'écriture du scénario pour nous narrer cette histoire, certes très classique, de la rencontre entre deux êtres. Rien de bien original, peut être, mais la magie opère. Les deux principaux personnages sont croqués avec délicatesse, leur relation se noue avec tendresse, à un rythme lent et réaliste. A tel point que l'on pardonne volontier les quelques incohérence du récit (Giovanni Ribsi, marié à Scarlett Johansson, vraiment, ça ne choque personne? OK, c'est peut être juste moi mais quand même... Sérieux?).

La lenteur du récit, justement, est ce qui fait tout le sel de l'histoire, de cette rencontre fruit du hasard qui, à l'instar des cerisiers en fleur, se développe lentement en quelque chose d'autre, sans jamais vraiment éclore. Le thème principal, c'est l'ennui, l'ennui qu'éprouve ces deux êtres perdus, à la fois dans un pays mais aussi dans leur vie, et que Sofia Coppola parvient à rendre crédible, le peuplant de plusieurs détails qui le rende presque tangible, au fil des errances nocturnes. La photographie, petite merveille de sensibilité, nous entraine au coeur de cette ville qui ne dort jamais, laissant comme un voile enveloppant le récit d'une lueur diaphane.

Dans cette atmosphère cotonneuse Bill Murray est grand, comme toujours, promenant son regard de Droopy un peu rêveur, face à une Scarlett Johansson magnifique, espiègle et réveuse dont le talent éclate à la face de la caméra. Leur relation totalement platonique est l'une des plus belles du cinéma de ces dix dernières années.

Un film d'une beauté irréele, dans les méandres duquel on se perd comme dans un rêve éveillé. Superbe et indispensable.
Hyunkel
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le 28 déc. 2011

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Hyunkel

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