Il y a les films qui racontent des histoires puis ceux qui s'attachent à communiquer des sentiments, des états d'âme. Lost in translation appartient à cette deuxième catégorie, alors j'espère que vous aimez les plans fixes.

L'ennui, le dépaysement, la solitude, l'indifférence ou la difficulté de rencontrer l'autre voilà ce qui vous effleurent en regardant ce film. On peut dire que c'est un bijou de l’œuvre de Coppola fille, qui a les défauts de ses "qualités" cinématographiques. Ce n'est pour autant pas son meilleur, je pense que celui ci n'a toujours pas été tourné...

En effet une des signatures de Sofia C. ce sont ces longues séquences durant lesquelles il ne se passe absolument rien et qui dure bien souvent 10 secondes de trop. Oui la vie est vide et n'a aucun sens, oui le personnage (et l'acteur et le spectateur) s'ennuie(nt), oui c'est esthétiquement joli... oui ON A COMPRIS.

On retrouve ici deux thèmes chers à la réalisatrice, le monde des paillettes, de la mode et bien entendu l'ennui:

Nous est ici projetée une tranche de vie ennuyeuse quoique luxueuse, mais pour autant on ressent sans s'émouvoir. Et même si c'est probablement le but on n'éprouve que peu de sympathie pour les deux personnages blasés.

Inconsciemment je traduis le titre par perdu lors d'un transfert, d'une correspondance dans un aéroport. Moment, pour moi, durant lequel un autre monde, une autre langue, des gens étrangers vous entourent, lieu où vous ressentez violemment l'altérité sans avoir le temps de rencontrer cette culture.
Les deux personnages principaux, tous deux de même culture, sont comme bloqués dans cet aéroport, ils s'assoient,se regardent, se découvrent et repartent ensemble... C'est une possibilité et c'est certainement ce qui me gêne dans ce film, tout y reste superficielle, pas de dépassement de soi, que de l'entre soi, on ne cherche pas à connaître, à comprendre l'autre, limite on s'en moque pour se complaire dans ses idées, dans ses préjugés, dans son monde.

Ainsi ce film basé sur des sentiments universels, prend le partie pris d'une vision négative de l'Homme qui succombe à la facilité de l'entre soi et de la complaisance... Naïvement je refuse d'y croire totalement
Jordane_Renard
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le 15 févr. 2014

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Jordane Renard

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