Influencée par mes éclaireurs et comme ce film passait sur Arte, je me suis lancée dedans. Ce fut une excellente surprise, je dois dire !
Bon, il est vrai que j’avais déjà apprécié les prestations de Scarlett Johansson pré-ado, dans l'excellent film de Robert Redford "L'homme qui murmurait à l'oreille des chevaux", et dans deux films de Woody Allen : "Match Point" et "Vicky Cristina Barcelona". J'avoue que là, elle m'a épaté encore une fois ! Sa jeunesse, son air un peu ahuri, un mélange de naïveté et de maturité, et sa belle plastique m'ont touchés.


Lost in Translation qu'on pourrait traduire par "Perdu dans les méandres de la traduction" raconte la rencontre de deux solitudes, de deux âmes égarées, en pleine crise existentielle : celle d'un quinquagénaire, joué par un Bill Murray remarquable, et celle d'une jeune femme entrant dans l'âge adulte.


Ce deuxième film de Sofia Coppola s'inspire de ses nombreux séjours au Japon et a pour toile de fond la ville, à la fois attirante et énigmatique, de Tokyo. Les deux personnages principaux semblent perdus dans cette capitale nippone où la culture est très différente de la culture américaine, où tout va si vite mais où les gens peuvent se révéler très sympathiques. Tokyo est vraiment le troisième personnage du film tant elle est présente. D'ailleurs, le film est co-produit par une société japonaise et tourné en partie en japonais. Il est tourné en un peu plus d'un mois, principalement à l'hôtel Hyatt de Tokyo, où Sofia Coppola a très souvent séjourné.


Bill Murray interprète Bob Harris, acteur américain prenant de l'âge et à la carrière instable qui arrive à Tokyo afin d’y tourner une publicité pour un whisky, contrat qu'il a accepté en partie pour l'argent et en partie pour fuir son épouse. Incapable de s’adapter au décalage horaire et à la situation présente, il passe le plus clair de son temps dans l'hôtel Hyatt, gratte-ciel dominant la ville. Pendant ce temps, Charlotte, une jeune femme récemment diplômée de l'université venue à Tokyo afin d’y accompagner John, son mari, un photographe de célébrités, s’ennuie et se sent seule, incertaine à propos de son avenir et de ses sentiments envers l'homme qu'elle a épousé. John se consacre en effet entièrement à son travail, délaissant Charlotte au profit des célébrités qu'il côtoie, comme Kelly, une actrice.
A la faveur de leurs insomnies, ces deux là vont se repérer dans l'hôtel, d'abord dans l'ascenseur, puis au bar et se rapprocher peu à peu.
Leurs conversations vont s'épaissir peu à peu : un rapprochement inédit entre deux personnes de générations différentes et c'est cela qui donne son intérêt au film.


Sofia Coppola a laissé les deux acteurs improviser et Bill Murray, qui est un clown en puissance, a ainsi pu exprimer toute sa fantaisie, comme dans une scène mémorable où il dialogue par les gestes avec un vieil homme, dans une salle d’attente d'hôpital.


Je vous conseille après le film, de voir l'excellent documentaire intitulé "Il était une fois ... "Lost in Translation". Sofia Coppola y raconte la fascination qu’exerce sur elle le Japon, où elle a séjourné de nombreuses fois depuis son enfance. Le documentaire souligne le choc culturel que provoque pour un Occidental la découverte de ce pays, son mélange de tradition et de grande modernité, une étrangeté renforcée par la barrière de la langue. La réalisatrice raconte aussi comment elle a dû traquer pendant un an Bill Murray, acteur aussi insaisissable que mythique, avant qu’il accepte le rôle de Bob. De même, toute l’équipe du film témoigne des drolatiques péripéties d’un tournage mouvementé dans Tokyo, illustrées par un savoureux making of, où l’on découvre que les personnages de la fiction n'étaient pas les seuls à "se perdre dans la traduction".


Ce film d’auteur à petit budget reçut de nombreuses récompenses, dont l’Oscar du meilleur scénario, le César du meilleur film étranger, et le Golden Globe du meilleur acteur (décerné à Bill Murray).

Créée

le 8 sept. 2015

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