( A écouter en lisant : https://www.youtube.com/watch?v=ZKjtqJ-VO38 )
Lost River réalisé par Ryan Golsing marque un tournant dans sa carrière, puisque que c’est la première fois qu’il réalise un film. Et pas n’importe quel film étant donné que « Lost River » est un film bien plus personnel qu’il n’y parait. Le réalisateur va nous encrer dans une ambiance oppressante à travers les vestiges d’une ville en perdition. Il s’est beaucoup inspiré de sa mère pour le personnage de Christina Hendricks, même chose pour le lac artificiel de son enfance. Il expliquait, lors d'une avant-première, qu’il se baignait dans un lac artificiel recouvrant une ancienne ville. Le scénario simple mais efficace suit le combat ou plutôt la survie d’une mère et son fils, tentant par tous les moyens de payer le loyer avant d’être expulsés.
Lost River est un film visuellement brillant, la réalisation va primer sur le scénario. On devine, sur certains plans, l’influence du réalisateur de « Drive » Nicolas Winding Refn ou même de Stanley Kubrick, avec ses travelling verticaux rappelant « Orange mécanique ». La photographie signée Benoît Debie, connu pour « Enter the Void » et « Spring Breakers », est dans la même veine que ses films c’est-à-dire avec des couleurs et des lumières très épurées et stylisées qui vont magnifier les décors de cette ville en perdition. A travers la pauvreté et de l’atmosphère austère et froide régnant sur ville, la BO va de manière poétique, en même temps que la réalisation, embellir les décors où règne le néant. L’affiliation de la BO magnifique, notamment pour le morceau "Yes" du groupe CHROMATICS, et des plans vont aliéner une sensibilité aux images ainsi qu’aux dialogues à travers le regard illuminé des personnages.
Au niveau du casting, tous les acteurs sont justes. A noter la présence de Reda Kateb récemment césarisé pour le film « Hyppocrate ». Son personnage a été bâti en improvisation au fur et à mesure du tournage, en même temps que ses dialogues parlant de la difficulté à vivre dans cette ville dénommée Lost River. En résumé « Lost River » est un film se fondant pratiquement sur une réalisation d’une qualité irréprochable, accompagnée d’une BO originale qui va adoucir et enjoliver les scènes ou, au contraire, les rendre oppressantes. Pour un premier film, Ryan Golsing signe un des meilleurs films du mois d’Avril et sans doute de l’année.