Alors Lost River ça raconte quoi ? C’est pour faire simple l’histoire d’une petite famille composée de la mère jouée par Christina Hendricks, de son fils de 17 et du petit dernier de 4 ou 5 ans vivant dans une banlieue de Detroit nommée Lost River, ville désaffectée et vestige d’une ancienne gloire ou la crise est passée par là et a tout ravagé sur son passage. La ville doit son nom a une rivière ou un lac créé artificiellement et qui a englouti de nombreux villages, dès lors un sortilège aurait été lancé sur la ville. On suit alors d'une part la "storyline" de la mère, Billy, tentant par tous les moyens de payer le loyer de sa maison, là où elle a grandi ainsi que l'endroit ou elle a élevé ses enfants, afin d'empêcher la destruction de sa maison au milieu de toutes les autres tombant les unes après les autres. D'une autre part, nous suivons également son fils de 17 ans qui tente d'aider Billy en volant un caïd joué par un Matt Smith totalement flippant et tout puissant en ces lieux qui semble faire ce qu’il veut pendant que la police semble inexistante, ceci participant à la mise en place d'une atmosphère chaotique.
J’ai énormément aimé ce film. Cependant si je devais commencer par les défauts, je dirai que c’est certes un film qui accumule les références, un fantasme cinématographique tant par les thèmes abordés que par la réalisation, mais en aucun cas il ne se dit prétentieux. Pour son premier film Gosling s’est juste fait plaisir en reprenant tout ce qu’il aime dans le cinéma, tantôt un style de réalisation proche du faux documentaire, parfois du Drive, parfois des images colorés à outrance à la Enter the Void. Et c’est là ou peut-être le bas blesse, à force d’accumuler des styles différents quasiment pour chaque scène on a l’impression d’assister à une œuvre impersonnel et en aucun cas une découverte du style Gosling. Finalement je suis incapable de dire si j’aime ou non le style Gosling, je ne l’ai pas encore vu. Je reste clément sur ce premier film mais j’espère bien qu’il ne fera pas ça pour chacun de ses films ou la ça risque de devenir problématique.
Malgré ça, le film en lui-même, je l’ai trouvé très bon et très bien mené. J’avais peur d’assister à un de ces films sans le moindre sens qui se termine sur une scène WTF parce que la réalisation de l’ensemble du film est WTF donc pourquoi pas le final ? En effet, ici, même si la réalisation, le scénario, l’univers et plus largement les personnages sont irréalistes, le scénario garde les pieds sur terre en proposant une évolution cohérente. Visuellement c’est très différent d’un plan sur l’autre mais en même temps très esthétique, le visu est travaillé et ça fait plaisir. Ce que j’en retiens ceux sont les longs plans sur les maisons qui flambent, symboliquement parlant sur le thème du foyer qui semble être cher à Gosling sur ce film. Parfois l’image est très sombre soulignant la noirceur et la décadence de la ville, notamment sur la storyline du fils et à l’inverse lorsque l’on suit la mère dans son lieu de travail : un théâtre baroque ou l’on se donne en spectacle via des performances gores ; ça devient hyper coloré et totalement déconnecté. La musique souligne parfaitement le tableau et l’univers somme toute onirique avec de l’électro léché et langoureux référence des années 80 ou encore sur la voix angélique de Soirse Ronan dont je dois avouer que j’en tombe amoureux un peu plus à chacun de ses films. J’ai été moi le premier étonné de voir un film touchant, avec des personnages plutôt attachants menés dans une histoire à mi-chemin entre drame et fantastique.
Au final, je trouve que Lost River est vraiment très bon et ne se perd pas en chemin, même avec les choix très éclectique fait sur la réalisation et même avec le mélange des genres. J’ai vraiment adhéré à l’univers onirique mis en place par Ryan Gosling qui est très bien résumé par une citation de Soirse Ronan dans le film : « c’est comme si on vivait sous l’eau ». Bref, j’ai juste envie de dire que maintenant, même s’il a montré ici qu’il est capable de tenir la barre, le Gosling je l’attends au tournant en espérant une œuvre plus à lui la prochaine fois.