The Giver a dès le départ était un projet entrainé vers le fond. En commençant par sa promo, ne le mettant guère en valeur ; une affiche copiée collée des Ames vagabondes, un pitch non loin de celui du très mauvais Divergente, des bandes annonces donnant envie de s’imprégner les yeux avec de l’oignon. Seul le casting semblait au rendez-vous avec des noms tel que Jeff Bridges, l’instigateur qui fera sauter le héros par-dessus les ponts de la légalité, Katie Holmes ou encore Meryl Strip, en grande marionnettiste tirant les Ficelles de toute cette Histoire.
Rappelons les faits à nos chers auditeurs : The giver est l’adaptation d’un roman du même nom paru en 1993 et écrit par Lois Lawry. Celui-ci conte l’histoire d’un futur ou les émotions ont étaient éradiqués par l’effacement de l’Histoire avec un grand H, les humains sont alors formatés afin de se comporter de manière pré établis par le biais d’injections quotidiennes et en vivant selon des règles strictes. Une seule personne garde les souvenirs du passé : le dépositaire de la mémoire qui ne sera autre que Jonas, un ado fraichement voué à la cause.
Y’a comme un air de déjà vu, non ?
C’est dans ce contexte que sort The Giver au cinéma, pas très enthousiaste moi-même à l’idée de cet énième film pour ado boutonneux.
Et bien la conclusion de tout ça, c’est que ça n’est pas la daube attendue, même si on est loin de crier au génie. Ce n’est pas terrible, disons-le clairement, mais pas autant qu’un divergente complètement commercial (Money, Money, Money). Pourtant le début s’annonce tout comme : un univers sf cliché, une communauté rappelant clairement divergente, des codes de vie complètement ridicules, une cérémonie d’attribution des métiers et une matrone toute puissante.
Cependant la grande différence avec ses homologues, c’est que The Giver, possède pour le coup, une intention, un fond. En effet, il essaye maladroitement d’apporter et de tisser un message au travers de sa dystopie pourtant banale et bancale : une réflexion sur la nature humaine, sur les sentiments et les émotions qu’un être humain ressent, et au final, que sommes-nous sans elles ? C’est une thématique qui ne me laisse jamais indifférent, et j’en viens à saluer l’effort. De plus, là où l’effort est tout autant remarquable c’est dans l’absence de manichéisme, les deux points de vue des deux parties sont tout aussi défendables possédant chacun leur arguments. Le film commence d’ailleurs là-dessus ou la voix de Jonas (le héros) nous invite à choisir si ce qu’il fait est juste ou non ; le problème venant du fait que la réalisation ne nous laisse pas le choix par la suite, nous forçant à adopter le point de vue du héros. Dommage…cela aurait permis une approche plus intéressante. C’est tout de même ici que The Giver peut tirer ce qui ressemble de loin à une victoire, il a réussi à apporter quelque chose de concret et qui concerne cette fois le spectateur séparé pourtant par des décennies, là ou d’autres ce sont juste contenter d’essayer de faire le film le plus badass possible afin d’attirer les minettes.
Mais c’est aussi là où le bas, non pas celui de Meryl Strip, blesse. The Giver s’embourbe dans les défauts qu’un film pour jeune puisse offrir : un scénario vide et sans réel intérêt, des personnages plutôt fades et certains mêmes clichés, un tout franchement trop acidulé et niais au possible. Si ce film était sorti il y a une dizaine d’année peut-être qu’il aurait était meilleur car ici trop influencé par ce qui a malheureusement marché dernièrement pour se tenir à la stricte authenticité de l’intention de l’œuvre écrite. L’appât du jeune est un des fléaux de ce siècle, donnant l’art cinématographique en pâture à ces idiots assoiffés de débilités, de stewarts et autre patinsson du genre. C’est d’ailleurs ici, un film jeunesse ratée puisque je doute sérieusement de l’intérêt que puisse porter un adolescent tant le scénario est stagnant. La première heure étant consacrée à l’apprentissage du dit protagoniste, les 20 minutes restantes n’étant clairement pas bien folles.
On observe également au cours des 1h30 de projection à diverses incohérence dans l’histoire comme ce bébé survivor qui survit à…. tous….Chapeau ! Mais déjà de base, le concept ne tient pas vraiment debout (comme les bananes parait-il) : pourquoi s’embêter d’une bombe à retardement tel que ce dépositaire de la mémoire? Ça n’a pas vraiment de sens. Ou encore le passeur qui enseigne par des moyens télékinésiques sorties de….nul part. Et pour finir une fin semblant souffrir du syndrome code Lyoko, ceux qui l’ont vu ou le verront comprendront.
C’est au final un film popcorn qui ne marquera pas grandement les esprits malgré un fond quelques peu intéressant, porté par une réalisation maladroite et menée trop confusément. C’est une tristesse pour le cinéma jeunesse, en effet ce film aurait pu être une belle œuvre pour appréhender quelques aspects philosophique sur la nature humaine au cinéma. Au lieu de cela on ne retiendra que les, et je cite, « objets de bien-être » pour enfants, cette fabuleuse scène de community fappening et enfin que Jeff Bridges aime beaucoup les gentils garçons…. En attendant, je rassure l’auditoire, aucun « The Receiver » n’est prévue pour le moment, ou alors ce n’est pas le même genre de film.
Critique faite à l'occasion de l'émission Radio, "Écran d'Arrêt" sur Free Zone Radio (web radio). Lien dans la description.