Oh bah ça alors ! Encore une société dystopique avec des ados !
Bah ouais, quand on a trouvé le bon filon c'est con de creuser à côté hein, les sociétés dystopiques c'est tellement la mode en ce moment, dans un sens, pourquoi se priver... Le problème pour les films comme ça maintenant qu'on s'y est habitué c'est qu'il faut sortir du lot, et ça, c'pas facile pour tout l'monde. La preuve ici où on se retrouve avec un personnage principal adolescent, dans une société dystopique, plus ou moins divisée en communautés (districts, factions, appelez ça comme vous voulez, cf. Divergente, Hunger Games etc..) qui va se rebeller contre le système, ou tout du moins, le mettre en péril par sa simple présence et son simple état d'esprit. Comme d'habitude on a une vérité occultée pour soi-disant le bien de tous (après tout n'est-ce pas là le principe même du mot dystopie ? la communauté au détriment de l'individu ?) et le héros forcément bah quand il l'apprend, il se dit que merde quand même, c'est pas cool quoi.
Bref, trève de plaisanteries, qu'en est-il vraiment de The Giver ? Eh bien oui c'est un type d'univers qui devient un peu rébarbatif et redondant ces temps-ci lorsqu'on reste dans les sentiers battus. On a affaire ici à un mix entre Divergente et Equilibrium qui n'est pourtant pas désagréable à suivre. Pourquoi un mix entre ces deux références ? Eh bien tout simplement parce que les injections pour priver les gens de toute émotion est pour moi une référence quasi direct à Equilibrium (où les personnages ingéraient d'eux mêmes des médicaments tous les matins, c'est d'ailleurs la non prise de ces médicaments qui déclenchent toute l'intrigue d'Equilibrium) et Divergente pour la répartition des rôles dans la communauté et parce que l'absence d'émotion reste, malgré tout, moins fade et moins marquée que dans Equilibrium. C'est d'ailleurs ce qui m'a un peu interpellé : on nous dit dès le synopsis que les émotions ont été purement et simplement éradiquées, et pourtant on a quand même des rires, un semblant de vie dans la bonne humeur, de la colère... Pour moi les émotions ont simplement été atténuées et non "éradiquées". En tout cas, on le voit venir gros comme une maison que Jonas va bel et bien finir par réussir à ouvrir les yeux de tout le monde et faire s'écrouler le système, un point négatif donc pour le manque d'inattendu dans le scénario.
Du reste on a tout de même un film qui n'est pas désagréable notamment dans l'aspect visuel. En effet, bien qu'elle peut paraître évidente pour certains, l'idée de variation des couleurs est excellente pour démontrer la progression dans la quête de la vérité du personnage principal. Au départ en noir et blanc, on a une réelle progression vers la couleur. Petit à petit Jonas découvre le monde tel qu'il est en réalité, la vérité. Seulement le rouge au milieu des teintes de gris (à la manière d'ailleurs, de l'esthétique de films tels que Sin City où cet aspect tient une part majeure) puis l'ensemble des couleurs mais de manière fade, et enfin des couleurs rayonnantes qui donnent bien-sûr envie à Jonas de les faire partager. Le jeu de couleurs est donc très important pour mettre en place la culture de l'identique évoquée dans le film pour le spectateur. On peut d'ailleurs ajouter à cela les nuages qui entourent la communauté et qui peuvent symboliser le flou dans lequel reposent les esprits des membres de cette communauté. Enfin, l'espace dans lequel vivent tous ces gens est rond, tout plat, évoquant ainsi l'idée d'un plateau central replié sur lui-même, à l'image des individus eux-mêmes qui n'ont finalement aucun contact approfondi avec leur entourage.
J'ai également trouvé que la bande son, qui permet de souligner tout cela, était très bonne. Evidemment il y a une bonne part de subjectivité dans le ressenti de la musique en général, mais étant donné l'importance évoquée dans l'histoire du ressenti visuel et auditif, je l'ai trouvée plutôt appropriée et prenante.
Petit clin d'oeil à Jeff Bridges au passage que j'ai apprécié de retrouver dans un rôle un peu plus prononcé que dans les deux derniers films où j'ai pu le voir, à savoir Iron Man et RIPD.
Au final on n'a pas un film révolutionnaire mais il tient tout de même plutôt bien la route et possède de bonnes qualités.