Dès les premières images de Lost River, les intentions de Ryan Gosling sont évidentes : s'inspirer des autres pour nourrir son cinéma, et pondre un film esthétique, onirique et troublant.
On peut dire qu'il s'en donne les moyens : scénariste, producteur et réalisateur, il s'entoure du directeur de la photographie Benoit Debie (Enter The Void, Spring Breakers). Et le résultat donne des plans magnifiques, une très belle image, et une atmosphère à la fois vaporeuse et oppressante.
Toutefois, une succession de beaux plans ne fait pas un film, encore moins un bon.
La faute avant tout à un scénario faiblard, et des personnages anecdotiques. Alors que l'intrigue tourne autour de Bones, chapardeur de cuivre, et de sa famille au bord l'expulsion on ne s'attache à aucun moment aux protagonistes principaux et secondaires. Il apparaissent, se croisent, courent, pleurent, disparaissent. Et cela dans la plus grande indifférence. Plus l'histoire se déroule, plus on s'y détache.
La faute ensuite à des références pesantes qui, digne d'un push de ton iphone, viennent te heurter le visage à plusieurs reprises. Et ce n'est pas forcément très agréable: surtout dès les premières scènes du film. Alors que le réalisateur cite Derek Cianfrance et Nicolas Winding Refn, 2 réalisateurs pour qui il a travaillé, on peut surtout penser à Terrence Malick dès les premiers plans, Tony Kaye, Harmony Korine mais surtout David Lynch qui semble présent tout le long du film. Autant revoir Mulholland Drive et son Silencio que perdre son temps devant Lost River et sa pale copie de club.
Pour conclure, serions-nous moins critique si le réalisateur n'était pas Ryan Gosling ? A cela je répondrai par une autre question : le film aurait-il vu le jour avec un autre nom au projet ?