Voila un documentaire datant de 2014 et dédié à l'incroyable et fascinant désastre que fut le tournage du piteux L'Ile du Docteur Moreau, grosse boursoufflure 90's qu'on avait un peu oublié. J'avais vu le film, un peu après sa sortie et j’avais à peine eu le temps de le trouver naze que je l’avais rangé dans ma mémoire dans le tiroir des trucs tout pété de l’étagère des machins oubliables. Bref, ce documentaire a pour ambition de raconter l'histoire de la production plus que chaloupée de cette grosse baudruche rocambolesque et se décline en deux volets, le premier s’attache à la vision délirante de Richard Stanley, la seconde décortique avec une certaine goulûterie (je suis pas sûr du mot, mais il est cool laissons-le là) le désastre épique du tournage, finalement repris en main par John Frankenheimer, un réalisateur qu’on aimerait appeler Baron. La cerise sur ce gros gâteau, finalement très rigolo, c’est que j’ignorais totalement que le film devait être tourné à Cap Tribulation, un coin romanesque mais très reculé, humide comme le casting d’un vieux Max Pécas et situé tout au nord de l'Australie, pris entre un océan infesté de crocodiles et une jungle où rodent des dindons géants.
Alors clairement, ce doc est absolument génial. Boosté constamment par les déclarations tonitruantes de ses intervenants, on a droit à des imitations, des accusations, des réglements de compte et beaucoup de bonne humeur ! Bien sûr, la vedette c'est Richard Stanley, et tout gravite
autour de ce réalisateur dépassé par son ambition et par les circonstances. Il apparaît aussi loufedingue que sympathique, aussi passionnant qu'à la masse complet. Le documentaire convoque notre empathie pour le personnage, beaucoup d’empathie, et ça marche à fond. Autour de lui, se pressent des acteurs, des techniciens et quelques ganaches connues. Je commencerai par le plaisir de voir la bobine de Graham "Grace" Walker, légende du métier, à qui l'on doit par exemple la direction artistique de Mad Max 2, de Mad Max 3, de Crocodile Dundee et de Calme Blanc. Le bonhomme est passionnant et mériterait qu'on lui consacre, un jour, un documentaire !
Bref, la liste des intervenants est fort satisfaisante même si on aurait pas dit non à un "droit de réponse" de Val Kilmer. Le bougre ayant réussi à se mettre tout le monde à dos, et les chamailleries débiles avec un Brando sous hélium sont au delà des caricatures. Mais le pompon, c'est sûrement la participation de Fairuza Balk, une foldingo qui a tenu un petit rôle dans le film et qui offre, de loin et bien sûr involontairement, l'interview la plus drôle du film. Le Baron de Frankenheimer étant décédé depuis 20 piges, il n'a pas pu participer au documentaire et son point de vue manque un peu… Il ne manquait plus que lui dans cette ratatouille géniale, chronique ébouriffante d’un blockbuster parti corps et âmes au pays des cacahouettes.
Bref, ce documentaire est un chef d'oeuvre.