Lost Souls
6
Lost Souls

Film de Mou Tun-Fei (1980)

août 2009:

Des sans-papiers essaient par tous les moyens de s'introduire à Hong-Kong. Le début du film montrant les difficultés de pareille entreprise ménage un petit suspense, une entrée en matière prometteuse et introduit un trio de personnages, deux hommes et une femme qui vont aller de Charybde en Scylla parce qu'entre les militaires et policiers kong-kongais et les profiteurs mafieux, les périls semblent insurmontables. En effet, plusieurs bandes rivales kidnappent des réfugiés pour obtenir des rançons de leurs familles.

Après la chasse à l'homme, le film se tourne vers l'enfermement des réfugiés avec les tortures physiques et mentales qu'ils subissent. Afin d'obtenir des numéros de téléphone, les ravisseurs offrent un panel assez varié de pratiques dont certaines sont très surprenantes. Il semblerait que dans la culture chinoise la nudité constitue un tabou suprême. Hommes, femmes et enfants sont dénudés et enfermés dans une étable. Aussitôt ils essaient de se confectionner des vêtements avec du papier journal. Et une scène assez hilarante vient confirmer cela. Une femme suibit l'outrage absolu : des hommes sont alignés devant elle et obligés de sautiller les balloches à l'air pendant que les tortionnaires l'empêchent de fermer les yeux. Les personnages sont aussi horrifiés que s'ils assistaient à un viol ou un meurtre. Bref, les prisonniers considérés comme du bétail, comme des animaux finissent par se comporter comme tels. L'un d'entre eux tue le chef de gang qui vient de le violer en l'égorgeant à pleines dents. Et c'est sans doute l'une des caractéristiques du film qui lui donnent le plus d'attrait : l'énormité, l'exagération. L'horreur est poussée à son paroxysme mais de façon si grotesque parfois que cela empêche tout réel choc ou dégoût de la part du spectateur. Difficile d'avoir une vraie empathie pour les personnages tant la mise en scène est outrée. De plus, le jeu des comédiens n'est pas très réaliste. Impossible par conséquent de prendre l'histoire au sérieux. Un exemple parmi d'autres illustre parfaitement cela : une femme devient folle et saute sur les gardes pour essayer de voir leur sexe ; les ravisseurs scandalisés par son comportement prennent la poudre d'escampette !

La dernière partie est dévolue à l'évasion et la tentative des réfugiés de passer la frontière encore une fois.

Techniquement, le film est bien fait. Cadrages, mouvements de caméra, décors sont bien fichus et affichent une bonne maitrise, des moyens. Néanmoins, le film souffre de ne pas proposer quelque chose de plus qu'une suite de situations extrêmes, sans grande portée. Au départ, on espère que le film va montrer les conditions difficiles des sans papiers mais très vite on se retrouve avec un film caricatural, axé sur le fait-divers et le sensationnel, un film de moins en moins crédible. Etrangement, le film se prend au sérieux, suffisamment pour en devenir risible par moments. Jamais ennuyeux; il persiste tout de même à demeurer une petite production de série. Quand on sait ce que les Shaw Brothers ont produit dans la série B par ailleurs, on peut lui attribuer le C ou le D sans sourciller, notamment en raison des médiocres saynètes de combat, des sempiternelles scènes érotiques et des séquences de violences softgores.
Alligator
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le 23 mars 2013

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Alligator

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