Après le biopic sur Paula Becker, le cinéma allemand rend à nouveau hommage à une figure féminine libre : Lou Andreas-Salomé. Véritable source d’inspiration des poèmes de Rilke ou de l’idéologie de Nietzsche, sa personnalité continue d’intriguer bien des années après.
Si la mise au scène aurait pu être plus poussée et la philosophie davantage mise en avant, le film n’en reste pas moins une très grande réussite. Le portrait de cette femme, muse des plus grands intellectuels du XXe siècle et véritable femme de lettres, est joliment réalisé grâce au talent de trois actrices allemandes qui interprètent Lou Andreas-Salomé à différents âges de sa vie. Faute d’archives, Cordula Kablitz-Post se voit ici obligée de réaliser un biopic au détriment du documentaire, auquel elle est pourtant habituée. L’écrivain et romancière ayant brûlé beaucoup de ses écrits ou d’images avant de mourir, la fiction prend une part importante dans le film qui se construit sous une forme surprenante. Le spectateur est alors entraîné dans la vie de cette allemande d’origine russe à travers des photos sépias mises en mouvement et un récit conté par la psychanalyste qu’elle était. De flashback en flashback, les années défilent sous les yeux des spectateurs attentifs et intrigués par la grande femme qu’elle a été, et se retrouvent autant impressionnés par son érudition que le jeune homme auquel elle dicte ses mémoires. De rencontres intellectuelles à chemins amoureux, la réalisatrice dessine le destin de cette figure émancipée en avance sur son temps de manière intelligente et agréable. A lire entièrement ici.