Elle a connu Nietzsche, Rilke et Freud, a voyagé dans toute l’Europe et est devenue la première femme psychanalyste de l’Histoire. La philosophe Lou Andrea-Salomé fait l’objet du deuxième long-métrage de la réalisatrice allemande Cordula Kablitz-Post. De son enfance à St-Pétersbourg à sa fin de vie en 1933, en pleine montée du nazisme, la réalisatrice retrace le parcours de cet esprit anticonformiste, qui refusa pendant longtemps le mariage pour préserver son indépendance.
Comme souvent dans les biopics, tout part d’une rencontre entre le sujet (ici Lou Andréa-Salomé déjà septuagénaire) et un personnage prétexte (le très falot M. Pfeiffer). Leurs échanges viennent ainsi rythmer un déroulé chronologique bien sage, aux allures de carte postale. Le portrait de Lou, esprit aussi brillant que malicieux, aurait mérité plus de fougue dans le scénario et la réalisation. Le parti-pris de mettre l’accent sur sa vie privée et ses amours a également de quoi étonner. Certes, Lou a séduit du beau monde, Rée, Nietzsche, Rilke pour les citer, et sa vie privée était pour le moins anticonformiste. Mais pourquoi accorder si peu de place à sa pensée ? Cordula Kablitz-Post semble réagir comme les hommes de son film, plus impressionnée par le vœu de chasteté de la philosophe que par ses idées.
Katharina Lorenz, yeux fiévreux et front buté, vient heureusement donner un peu d’épaisseur à son personnage. Elle seule tire son épingle d’un film convenu aux personnages transparents. On ressort du film frustré et désireux d’en savoir plus sur cette penseuse, qui a œuvré aussi bien à l’avancé de la philosophie que celle de la cause des femmes.
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