La dignité de la précaire
C'est un film coup de poing qui des années après une époque formidable, a réussi à montrer que la précarité n'était pas une honte sociale mais un état difficile connaissant ses hauts et ses bas. Corine Masiero endosse son rôle de femme battante,digne et parfois abattue avec beaucoup de naturel et de conviction. Ce qu'a bien fait ce jeune réalisateur ,dont c'est le premier film, c'est de montrer que la précarité étant elle-même un mode de fonctionnement, elle déteint forcément sur le comportement d'un individu.Sans boulot fixe, la personne n'arrive plus à s'attacher à quoi que ce soit et vit au jour le jour.Dans ce film, il y a quelques moments de grâce quand Louise Wimmer reçoit de l'aide pour qu'on lui répare sa voiture (à vrai dire,son seul abri) ou qu'on lui donne des trucs pour gagner plus d'argent au mont de piété. Ce qui est aussi bien retranscrit, c'est que cette femme ayant eu une première vie (un mari,une fille) se retrouve presque seule car ses proches n'ont pas la ressource et la force de vie suffisante pour rendre sa précarité moins pénible.Tout l'itinéraire de Louise Wimmer serait extrêmement sombre si un évènement salutaire ne viendrait le bouleverser.C'est alors que la vie reprend ses droits et que le sourire éclatant de cette femme fatiguée réapparaît. Un être humain accâblé arrive à survivre car il arrive à concevoir le bout du tunnel, véritable objectif en soi. Film puissant,nécessaire,objectif,Louise Wimmer magnifie la dignité de sa précaire,qui aura tenu bon pour réaliser son rêve modeste mais vital.