Louise "Loulou" Brooks - profession : femme fatale

Loulou ne serait rien sans Louise Brooks.

Ne vous méprenez pas. L'histoire est belle et bien là, s'épargnant tout les pièges du manichéisme et riches de situations même si elle souffre de quelques longueurs. La réalisation de Pabst est magnifique pour l'époque surtout vers la fin du film avec l'intensification de ses accents expressionnistes. Mais ce film c'est surtout Loulou. C'est le personnage autour duquel tout s'articule, le seul personnage travaillé et complexe. Les personnages secondaires que ce soit le Dr Shön, son fils Alwa, le vieux souteneur Schigolch, l'acrobate Rodrigo ou l'amie lesbienne sont assez archétypaux et finalement se montreront tous ou mauvais (Dr Shön, Schigolch, Rodrigo) ou faibles (Alwa et la contesse). Loulou agissant comme un révélateur de la nature profonde de ces êtres.
Mais Loulou n'est pas parfaite non plus. Et c'est ce qui fait l'intérêt du film. Loulou est totalement consciente du pouvoir de séduction qu'elle exerce. Souvent elle s'observe dans un miroir, se recoiffe, etc. Très coquette, très espiègle, joueuse, elle séduit les hommes et les femmes pour les faire céder à ses caprices ou la sortir du pétrin. Elle use et abuse de ses charmes mais les passions qu'elle déclenche auront une finalité dramatique que sa naïveté et sa légèreté ne lui permettent pas de voir. Éprise de liberté, vivant dans l'instant, innocente même d'une certaine manière, le spectateur est, comme les personnages du film, pris au piège de la fascination qu'exerce cette femme.

Qui d'autre que Louise Brooks pouvait nous faire cet effet là ?

En effet, il est impossible d'imaginer une autre actrice être Loulou. Déjà parce qu'elle a cette beauté à la fois enfantine, innocente, naturelle d'une jeune fille et pourtant déjà maitrisée, travaillée, érotique de la femme mais surtout parce que son jeu, particulièrement moderne, tout en retenue, très naturel, un regard et tout est dit, une épaule dénudée et elle transpire la sexualité, contraste parfaitement avec le surjeu théâtral de ses partenaires. Ce décalage, en plus de participer au caractère solaire et centrale de son personnage, souligne l'aspect humain de Loulou face au grotesque de la société qui l'entoure.

Je n'ai pas beaucoup de points de comparaison dans le cinéma muet pour juger de l’œuvre dans son contexte cinématographique et juger de son importance, mais sur le plan du ressenti je reste plutôt séduit.

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le 26 avr. 2014

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ghyom

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