Les documentaires m'ont souvent ennuyé et aller en voir un au cinéma me vient très rarement à l'esprit. Et encore moins lorsqu'il s'agit d'un documentaire centré sur la foi, la religion, la croyance... Mais Lourdes a attisé ma curiosité d'athée, non pas pour ses thèmes mais pour ces portraits d'hommes et de femmes aux vies si différentes, fervents croyants à la recherche d'une paix intérieure, d'une guérison miraculeuse. Il y a dans ces témoignages de pèlerins quelque chose de merveilleux, de perçant, de vrai, de fort ! Normal vous allez me dire, c'est un documentaire... J'ai rarement été aussi ému. Ce regard neutre et distancié met en lumière l'humanité, la dignité, le courage, la force de vie des malades, de leurs proches, des soignants, des gitans, des prostitués, des religieux qui animent ce lieu coupé du reste du monde. La mise à nue, personnelle et émotionnelle de ces derniers, pousse à l'émotion, à la compassion mais surtout à l'admiration. Thierry Demaizière et Alban Teurlai embellissent l'image par une multiplicité des points de vue, une belle photographie et une musique touchante. C'est finalement très cinématographique. La scène où les mains touchent, effleurent et imprègnent les parois de la grotte est splendide. Les rapports au temps, à l'espace, à la langue et au corps s'effacent pour ne laisser parler que la profonde croyance intime et l'espoir de ces religieux, tantôt avec fragilité, tantôt avec humour, mais toujours avec beaucoup de courage. On pourrait craindre un misérabilisme sans bornes à la vue des handicaps et des malheurs de chacun ou encore un éloge des dogmes, mais cette superposition d'élan de vie et de foi nous fait réaliser que notre plus grande puissance réside avant tout en nous-même !