C’est marrant : Gaspar Noé je n’aime pas, mais vraiment pas... Et pourtant, quand l’occasion m’est donnée, je me surprends à y retourner, comme si j’avais besoin de me rappeler pourquoi je n’aimais pas. Et avec « Love », j’ai été servi. Je trouve que le gars a au moins fait l’effort de se renouveler – d’explorer autre chose que ses lubies habituelles – ce qui, pour le coup, me donne un angle nouveau pour rejeter son cinéma. (Bah oui, on se refait pas…) Alors au moins, je lui reconnais une chose pour ce « Love » : je trouve que l’ami Gaspar s’est enfin éloigné de la provocation gratuite, du crade pour le crade, du choc pour le choc, ce qui est tout à son honneur… Pour le coup, ça m’a permis de mieux profiter de ses petites expérimentations formalistes, pas désagréables à regarder. Parce que je le précise : on a fait des scènes de sexe non-simulées un argument de vente pour le film, mais pour le coup, elles sont très sages et n’entrent pas dans les travers habituels du personnage.


Non, mon problème avec le cinéma de Gaspar Noé, c’est le vide. C’est un cinéma du vide. Alors c’est totalement assumé, je le conçois bien. Mais c’est pour moi tout le motif de la rupture. Ce gars n’a au fond jamais vraiment rien à dire ni à faire ressentir. Ça reste très basique, assez creux. C’est de la forme sans le fond, sans la substance. Pour ce « Love », le propos est finalement très facile à résumer : Murphy aime Electra. Mais Murphy a merdé en en engrossant une autre. Electra en veut à Murphy. Murphy vit avec l’autre mais regrette Electra : Et c’est là que le dispositif d’embrouille de Gaspa Noé se met en place. Comme il n’y a rien, on commence à diluer le vide. On répète les situations. On espace les prises de parole. Et surtout – parce que finalement ces scènes ne servent qu’à ça – on met des interludes coquins entre les scènes. Oui, le cul ne sert qu’à ça, qu’à diluer. Au fond c’est tout aussi cache-misère que la 3D : c’est un gadget qui ne sert à rien. Donc en fait, si je devais résumer le film un peu mieux, ce serait plutôt : Scène de cul – Murphy aime Electra. – Scène de cul. - Mais Murphy a merdé en en engrossant une autre. – Scène de cul – Electra en veut à Murphy. – Scène de cul. – Murphy vit avec l’autre mais regrette Electra. – Scène de cul.
Ce n’est pas compliqué, moi ce film, je l’ai vécu comme un prozac. En même pas deux minutes, j’avais le cerveau mou, le corps mou, la biloute molle… Et comme pour chaque Gaspar Noé, ça s’est fini de la même façon : sortie de la salle plus énervé que j'y suis entré. Donc voilà, Noé est resté Noé. Non plus un provocateur stérile, juste un simple adorateur du vide. Alors après je pense que le gars assume ce cinéma là. Moi, ça ne sera jamais mon truc. Au contraire, si je devais le comparer à une boisson chaude ce « Love », ce serait certainement une camomille « nuit tranquille »… Certains aiment ça…

TomP
2
Écrit par

Créée

le 23 juil. 2015

Critique lue 576 fois

5 j'aime

4 commentaires

TomP

Écrit par

Critique lue 576 fois

5
4

D'autres avis sur Love

Love
guyness
2

Gaspar no way

If I were as pleased with myself as Gaspar seems to be, I would write my text entirely in english, even if I only talk to french people, …and I would put black cuts between each line, so everyone...

le 23 juil. 2015

132 j'aime

42

Love
Kenshin
1

Onanisme Ostentatoire.

J'ai la rage mon pote, j'ai trop la rage. A chaque fois que je pense qu'il y en a un qui va sortir le porno de son vase clos, qui va nous offrir un film honnête avec des bêtes de scènes de sexe,...

le 22 juil. 2015

128 j'aime

121

Love
mymp
6

Les histoires d'amour séminal, en général

À grands renforts de promo provocatrice (des affiches plus qu’explicites), de buzz et scandale cannois très rapidement atomisés (par la presse et le public), de simulé or not simulé, de vaines...

Par

le 17 juil. 2015

102 j'aime

15

Du même critique

Mr. Turner
TomP
5

Mr Turner, ou de l'intérêt de faire un film

Je comprends tout à fait que le réalisateur puisse adorer les peintures de Turner; il a certainement aussi lu et aimé sa biographie, ok. Mais de là à vouloir en faire un film... Quand c'est aussi...

Par

le 5 déc. 2014

14 j'aime

1

Microbe et Gasoil
TomP
2

Critique de Microbe et Gasoil par TomP

Ah Gondry ! Sa Science des rêves ! Son Eternal Sunshine ! Son Be Kind Rewind ! A croire que c’était le bon vieux temps ! Parce qu'après une Ecume des jours qui m’a un peu laissé sur la carreau, voilà...

Par

le 14 juil. 2015

12 j'aime

Love
TomP
2

Critique de Love par TomP

C’est marrant : Gaspar Noé je n’aime pas, mais vraiment pas... Et pourtant, quand l’occasion m’est donnée, je me surprends à y retourner, comme si j’avais besoin de me rappeler pourquoi je n’aimais...

Par

le 23 juil. 2015

5 j'aime

4