Ah Gondry ! Sa Science des rêves ! Son Eternal Sunshine ! Son Be Kind Rewind ! A croire que c’était le bon vieux temps ! Parce qu'après une Ecume des jours qui m’a un peu laissé sur la carreau, voilà que le bon Michel se troue littéralement avec ce "Microbe et Gasoil". Le pire, c’est que sur le papier, je comprends la démarche, et elle aurait pu être super car au fond assez originale. En gros, l’idée, c’était de renouer avec le charme de ces vieux films français mettant en scène des enfants ( Guerre des boutons,Grand chemin, etc.) en construisant une petite comédie niaise, rêveuse et nostalgique. Et pour donner vie à son film, Gondry semblait visiblement vouloir l’articuler autour de deux gamins complètement décalés par rapport à leur temps, par leurs jeux, leurs préoccupations, leur paroles, ceux-ci se lançant dans un road trip aussi gentillet que fou durant lequel ils rencontreraient un monde atypique et gai. Moi franchement, sur le papier je signe. Ça me rend curieux. Mais sur l’écran, je trouve que rien ne marche. C’est vraiment un foirage sur toute la ligne.
Premier gros souci : le casting. Si Théophile Baquet s’en sort plutôt pas mal dans son rôle d’ado des années 70-80 totalement incompris par son entourage, Ange Dargent est un véritable boulet qui fait tomber toutes ses scènes à plat. Même s’il a une gentille bouille à la Dewey, il a un jeu d’acteur assez dégueulasse, qui du coup, révèle toutes les lourdeurs de l’écriture. Et c’est là que c’est triste ! Parce que le but était de créer un décalage sur ces personnages dans leur façon de parler. Mais comme on ne croit pas une seule seconde à ces personnages, le décalage ne vient qu’alourdir le tout pour le faire s’écrouler totalement. Et malheureusement, Ange Dargent (qu’on rebaptisera « le fils Gondry », parce que franchement, je ne vois pas comment il a pu obtenir ce rôle autrement que par un lien de parenté avec le réalisateur) n’est pas le seul à être à la ramasse dans cette histoire. Ma copine Audrey Tautou nous sort un cabotinage ridicule dans ce film, et les autres gamins ne s’en sortent pas mieux (mais là encore, leurs textes ne les aident pas); je garde aussi un petit « navet d’or » pour Ely Penh et son interprétation pas du tout crédible de la grosse kaïra coréenne de la banlieue d’Auxerre (oui, c’est vrai que ce n’était pas évident à jouer, mais bon voilà, l’enjeu était aussi là). Bref, il y a donc quand même pas mal de fails assez majeurs dans ce film, et ce qui est dommage, c’est que la réalisation ne rattrape rien. Sur ce domaine là aussi, je trouve que Gondry a tapé à côté. Qu’il recherche à renouer avec l’esthétique des vieux films français de jeunes gamins en vacances, ça se tient. Par contre, quand il décide de faire des scènes où il montre le monde tel que les perçoit ces enfants, il fallait pour moi abandonner ce style pour un genre beaucoup plus travaillé et codifié, ce que Gondry ne fait pas du tout. Du coup, même des scènes qui auraient pu être sympas et drôles dans la logique du film tombent là aussi totalement à l’eau.
Du coup, quand vient le moment du bilan, eh bah... il ne reste plus grand-chose. Alors si, il y a encore quelques inventions visuelles et ce goût de la bidouille qui sont chers à Gondry et qu’on retrouve ici. Mais bon, on commence à y être habitué, si bien que cela ne m’a pas fait grand-chose.
Du coup, mélangé à tous les échecs qui entourent cela, j’avoue que je ne peux que me rendre à l’évidence : ce film est pour moi un gros loupé. Et quand je vois que les distributeurs de ce « Microbe et Gasoil » ont décidé de le sortir en plein mois de juillet dans l’anonymat le plus total, je me dis que je ne suis pas le seul à le considérer comme un désastre…