Un Gondry à l'âge de l'enfance. Qui épouse le sentiment de ne pas se reconnaître parmi ceux qui nous entourent, de se fondre dans le monde. D'être étranger. L'impression que l'originalité n'a pas sa place. Celle de trouver l'âme soeur et que ce sera à la vie à la mort. Le réalisateur filme l'enfance et ses rêves plein la tête, aussi simples que fous. Qui aveuglent parfois. C'est cet âge où ces rêves sont à deux doigts d'être enterrés et qui, la seconde d'après, n'ont jamais été aussi vivants, sur le point d'être réalisés, sous le coup de l'enthousiasme débordant. réalisés de bric et de broc dans un élan candide.
Michel Gondry filme l'âge où toutes les aventures sont encore possibles, dont le chemin n'est pas encore barré par le raisonnable. Car les pieds sur terre, ce ne sont pas les leurs. L'artiste et le bricoleur se complètent, s'imbriquent. Leur situation est diamétralement opposée. La famille dont ils sont issus encore plus. Mais peu importe, à part ces instants et ces sentiments partagés. Ces peurs dont on ne parle qu'à celui dont on est le plus proche.
C'est aussi le temps des battements de coeur incontrôlés quand on rencontre ses premières Laura. Celui des incertitudes et du manque de confiance en soi, paradoxal alors qu'on se lance dans un road movie déjanté, sous l'oeil bienveillant d'un réalisateur nourri de la poésie du quotidien, de péripéties d'une douceur un peu folle. La douceur d'une sorte de nostalgie de l'enfance des éclats de rire qui n'a pas encore été plombée par le grave et les responsabilités. Les aventures rocambolesques forgent la relation des deux adolescents au gré des disputes passagères, mais surtout de la connivence et des irruptions d'une réalité désenchantée qui les rattrapent.
Dans l'amitié de Microbe et Gasoil, tout autant lunaires que terriblement lucides, ce n'est pas tant le carburant qui vient à manquer que le moteur deux temps (un hasard ?) qui fond dans la combustion. La faute à personne. A la vie qui défait ce à quoi elle a donné naissance. Chacun conserve ce genre de souvenirs au fond de lui, quand nous avons été proches de quelqu'un, pendant une année, pendant un été, et que l'on a, bien malgré nous, perdu de vue. Ces souvenirs où nous partagions ces rêves qui remplissaient nos baskets.
Pendant 1H40, Michel Gondry exhume cette douce nostalgie, quand les plus belles aventures étaient possibles et partagées. Cette nostalgie qui nous envahit quand on grandit.
Michel Gondry est un grand enfant.
Behind_the_Mask, qui prend la route et ne la rend pas, le vilain...