Michel Gondry vient toujours nous cueillir là où l’on ne l’attend pas ! Le chemin qu’il a parcouru depuis « Eternal Sunshine of the spotless mind » est surprenant et particulièrement original. De l’onirique « La science des rêves » à la sympatoche série B « Soyez sympa, rembobinez » en passant par un « Green hornet » habité ou encore à la métaphysique « Conversation animée avec Noam Chomsky », Gondry ne répond qu’à un seul vœu, se faire SON cinéma. Et c’est pour cela qu’on l’aime !
Avec « Microbe et Gasoil » on change une nouvelle fois de registre. Deux adolescents, aux rêves d’ailleurs décident de faire un périple à travers la France au volant d’une voiture-maison construite de leurs mains. Ce tour de France de deux enfants ne se résumera en fait à un aller Versailles-Auvergne, chaotique, tendre et cocasse. Pas d’effets visuels, d’onirisme poétique ou de trouvailles de mise en scène, Gondry ne veut s’attacher qu’à cette relation entre ces deux gamins, l’un introverti (Microbe) et l’autre débrouillard et malicieux (Gasoil). Ce road movie initiatique, aux allures biographiques, bien ficelé dépasse le seul cadre de ces « meilleurs amis », il se veut plus universel. Car si « Microbe et gasoil » est bien ancré dans notre 21ème siècle (au niveau technologique, social avec un passage sur les roms…) il fait référence en chacun de nous à un vécu. On a tous connu ou été un Microbe et un Gasoil ! Il faut remonter à « Laisse béton » de Serge Le Péron ou « Zim and co » de Pierre Jolivet pour retrouver pareille fraicheur sur le sujet.
Et c’est pour cela, mais aussi avec cette belle sincérité qui le traverse, que le film fonctionne si parfaitement. Bien sur, les pète-sec trouveront à redire, notamment sur la crédibilité de la situation. Ils sont bien incapables en fait, par trop d’aigreur ou amnésie matérialiste, de pouvoir y déceler l’innocence et la nitescence qui illumine cette période de la vie où tout est possible et à faire.
Il serait impensable de passer sous silence l’interprétation à commencer par les deux gamins, l’androgyne et sensible Ange Dargent dont la transformation sera saisissante, l’incroyable Théophile Baquet (digne petit fils de son grand-père Maurice !) avec sa belle maturité de jeu, le joli petit rôle d’Audrey Tautou en mère dépassée par les évènements mais aussi l’ensemble des seconds rôles, tous se donnent à fond.
Gondry, éternel adulescent, auteur et réalisateur doué, sait transcender les sujets difficiles ou casse gueule pour notre bien-être de spectateur. Il signe ici un film personnel, drôle et profondément attendrissant.