LOVE de Gaspar Noé.


Après Enter the Void, le nouveau projet de Gaspar Noé avait de quoi faire peur. La promesse est somme toute assez simple et fait partie de la promo du film. Une phrase : "Enfin un vrai film d'amour interdit au moins de 16 ans." Et c'est bien ce dont il s'agit ni plus ni moins.


Le pitch est assez simple, on suit le personnage de Murphy (Karl Glusman) un jeune père de famille désabusé vivant à Paris. Il reçoit un message inquiétant de la mère de son ex-compagne. La mère n'a plus de nouvelles de sa fille depuis plusieurs mois et est paniquée. Electra (Aomi Muyock) est le seul véritable amour de la vie de Murphy. Durant une journée pluvieuse, il va se remémorer les souvenirs de l'histoire passionnée qu'il a pu vivre avec elle.


Bouleversant.


Gaspar Noé a visé juste. En traitant son sujet avec bien plus de précision qu'un Terence Malick dans le pourtant très bon To The Wonder. On vit, on ressent, on subit d'une manière assez déstructurée les souvenirs. Il n'y a d'abord pas trop d'ordre, en tout cas on a pas trop l'impression qu'il n'y a ait un. Pourtant le fil conducteur est bien là et il est maintenu constamment par la puissance émotionnelle dégagée par le personnage au fil de toutes ses expériences avec son âme sœur.


La résonance avec le spectateur peut avoir avoir lieu. Cela a en tout cas fonctionné sur moi. Le film est assez honnête dans sa description des rapports homme-femme dans tout ce qu'ils contiennent de contradictions, d'incohérences mais aussi de moments d'extase fusionnels, une sensation enivrante de compréhension intense. A noter que le film se déroule surtout du point de vue de Murphy, de l'homme donc. Ce qui ne nous empêche pas de comprendre les réactions de sa compagne au contraire ça les rend encore plus claires je trouve.


Le point particulier du film et c'est ce qui intéresse le plus les gens, les médias, les critiques et consorts- est que en effet les scènes de sexe ne sont pas simulées et sont montrées d'une manière assez... "crue"? Je dirais que c'est surtout honnête et direct. Est ce choquant ou sulfureux pour autant? S'approche t-on plus de l'érotisme ou de la pornographie?


Selon mon analyse aucun des deux (hormis quelques passages qui sont assez folkloriques mais je ne spoilerai pas pour vous gâcher la surprise) en fait globalement des relations sexuelles sont montrées à l’écran. Et... C'est tout.


C'est bien évidemment monté, "esthétisé", construit de telle sorte que ce soit beau mais surtout pour servir un propos et juste assumer le fait que la sexualité fait partie de la vie de tout le monde, c'est quelque chose de normal. D'intime certes mais de naturel et commun! Et surtout que la sexualité est liée d'une manière inextricable au sentiment amoureux. On voit bel et bien le phallus du personnage principal mais les sexes féminins ne sont pas explicitement montrés dans toute leur splendeur car sinon le film aurait probablement été interdit aux moins de 18 ans.


En ce sens, bien que relevant un tant soit peu du voyeurisme, ces scènes sont indispensables à la cohérence et au propos du film dans son ensemble et cela fonctionne très bien! Assez poétique et joyeuse, la sexualité n'y est pas montrée comme quelque chose de déshumanisé, violent ou comme quelque chose de purement graphique. (comme cela a pu être le cas dans Nymphomaniac de Von Trier par exemple ou dans Irréversible du même réalisateur.)


Parlons un peu de la 3D. J'avoue avoir été très agréablement surpris! Le réal a vraiment pensé son film avec ce paramètre en plus et cela donne une vrai impression de profondeur lors de nombreux plans. (Les plans rapprochés des visages sur les lits qui semblent immenses, par rapport à certains décors etc...) C'est l'un des rares films récents ou j'ai bien senti les effets tout au long du film et pas juste au début. Je pense que le film aurait pu être fait sans mais c'est un ajout non négligeable!


LOVE m'a un peu secoué car il a fait écho a de nombreuses reprises à des moments de ma propre vie pas super agréables donc je suis sorti de la salle assez remué. Ce que peu de film ont réussi à provoquer chez moi. Un vrai film sentimental en fait et très respectueux de ce que serait supposé être l'amour véritable si tant est qu'une telle chose puisse réellement exister. (Je n'y crois pas si vous voulez tout savoir!) Une chose que le film remet aussi en question d'ailleurs.


C'est une expérience qui vaut clairement la peine d’être vue car selon moi dans l'absolu le véritable sujet de ce film c'est surtout la vie.

Kaleendah
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le 22 sept. 2015

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