Je commence ma journée par la projection de Love & Peace de Sion Sono (celui que j’avais raté à l’Étrange), et comme d’habitude, sur deux heures de métrage, le réalisateur étale son savoir-faire unique, et contrairement à des réalisateurs comme Takashi Miike, a quelque chose à dire. Jamais subtil dans ses discours, faisant énoncer (dans celui-ci chanter) ainsi les enjeux problématiques et politiques des films par les personnages. Pour Love & Peace, pas de tergiversation possible, l’industrie J-Pop en prend pour son grade et se fait ridiculiser de bout en bout, la grande question du long étant de savoir si l’on peut garder son intégrité en tant qu’artiste lorsqu’on est dépendant d’un studio/label. Le film est également une histoire d’amour étrange entre un loser aspirant à une vie de star, et une minuscule tortue, proposant plusieurs histoires et plusieurs niveaux de lectures : du film de Kaiju anti-guerre au conte pour enfant anti-capitaliste en passant par le film animaliste et anti-exploitation (l’un allant rarement sans l’autre). Et malgré le ton décalé et quasi absurde du film, Sion Sono arrive à poser un regard juste et incisif sur la société japonaise dans son ensemble, qui comme par chez nous, est construite sur des beaux discours, l’accès à la consommation et la promesse de solutions miracle pour bâtir un monde meilleur. Le long-métrage oscille entre le tragique, le comique et le grotesque, sans jamais tomber dans le ridicule, Love & Peace est à l’image des bonbons du film, coloré, lumineux et plein d’espoir.
Tiré du journal du festival Sitges 2015 : lire l'article entier sur mon blog...