Il y a parfois des petits films, complètement inconnus, ou qui ne sont pas passés à la postérité, que l’on ne voit que pour un acteur (ou une actrice) apparaissant au générique. C’est totalement mon cas pour « Love Before Breakfast », un film de 1936 qui n’est jamais sorti en France !


À l’époque, Paramount prête Carole Lombard à Universal en échange de Margaret Sullavan, qu’ils souhaitent faire tourner dans « So Red the Rose », de King Vidor. Lombard possède, selon son contrat, le droit de refuser les scripts qui lui sont proposés. Aussi, toute une flopée de scénaristes se succèdent à l’écriture avant que l’actrice n’approuve finalement une idée d’Herbert Fields.


À New York, Kay Colby, une jeune femme de la bonne société, est très amoureuse de Bill Wadsworth, un homme un peu désargenté, mais ambitieux, travaillant pour une compagnie pétrolière. Dans le même temps, le magnat des affaires et richissime Scott Miller poursuit Kay d’une cour assidue, ne ménageant pas ses efforts pour tenter de conquérir le cœur de la demoiselle… Y compris exiler son fiancé au Japon en rachetant sa compagnie.


Le film, appartenant au genre de la comédie screwball, propose une sorte de triangle amoureux, mais consiste surtout en une succession de séquences durant lesquelles Miller tente de se rapprocher de Colby en redoublant d’astuce, tandis que celle-ci s’ingénie à le rejeter… bien qu’elle goûte secrètement l’attention qu’il lui porte. Le succès – partiel – de l’œuvre réside dans le ton ostensiblement cynique qu’elle prend : Miller avoue ses intentions d’entrée à Colby, et ne conçoit l’entreprise que comme une conquête, quasi-militaire, semée d’embûches et d’adversaires. Dans le plus pur style de la comédie screwball, les deux acteurs se livrent à un numéro de duettistes à coup de piques assassines et de réparties corsées.


Malheureusement, le film ne peut fonctionner complètement sans au moins un acteur digne de ce nom, capable de donner la réplique à Carole Lombard. Celle-ci est aussi pétillante et piquante qu’à son habitude, mais force est de constater que les rôles masculins ne sont pas à la hauteur. Scott Miller est interprété par Preston Forster, un type assez fort au physique disgracieux mais à la répartie facile, qui tiendrait presque le choc. Le dernier larron, le fiancé Wadsworth, est quant à lui totalement transparent.


Il faut reconnaître au film des qualités indéniables. Les quelques scènes relatant la cour empressée, et tout à fait irrespectueuse, que fait Miller à Colby, sont plutôt originales et bien vues. Néanmoins, malgré sa durée relativement courte – 70 minutes – le film devient assez rapidement convenu et traîne en longueur, avec une conclusion boiteuse et assez ratée.


Il y a des films qui ne sont pas passés à la postérité, qui tiennent une place mineur dans l’histoire du cinéma comme dans la filmographie des quelques grandes stars qui y apparaissent et qui constituent la raison principale pour laquelle l’on les visionne. Et, entendons-nous bien, pour tout autre qu’un amateur de la grande Carole Lombard, ce film est tout à fait dispensable.

Aramis
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le 14 juin 2016

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