Love Hunters, le premier film de Ben Young, réalisateur australien, a tout d’un bon vieux film de genre, celui du thriller psychologique, mais peine parfois à convaincre à cause d’une certaine forme de naïveté et d’une ambiance pas toujours bien menée
Dès le premier plan, un ralenti sur un groupe de jeunes basketteuses en fleurs, tout de suite contrasté par des regards malsains qui observent : on sent que Ben Young a voulu bien faire, bien construire son film, celui d’un enfermement psychologique total. Les plans rapprochés sur les visages ou au contraire en longue focale pour donner l’impression de voir les êtres en train d’agir, comme dans un documentaire, à distance, contribuent à l’ambiance pesante de Love Hunters. Le montage construit également un suspens constant, donnant à suivre des scènes très tendues, suivies de moments plus calmes. Alors que Vicky est enfermée, le réalisateur donne à plusieurs reprises l’impression qu’elle va sortir, s’échapper, mais ces espoirs sont chaque fois dépréciatifs pour le spectateur maintenu dans une pression permanente. Le rythme du montage s’accélère alors, et on finit par ne même plus savoir depuis combien de temps Vicky est enfermée et quel sera finalement son sort, même s’il semble prévisible.
Dans la tête d’un tueur
du film pour Ben Young est d’être dans la tête d’un tueur ou plutôt d’un couple de tueurs en série. Loin de la comédie romantique, cette histoire « d’amour », de dépendance et de destruction fait froid dans le dos. Ben Young a en effet choisi de suivre un couple de tueurs dont la femme agit pour assister son mari, espérant de lui des marques d’affection. Mais le cinéaste brouille aussi les pistes en multipliant les intrigues secondaires : le divorce des parents de la jeune Vicky séquestrée, le désir d’enfants d’Evelyne, la tueuse et la perversion de Bill, sujet central du film, passe au deuxième plan. Finalement, le film a du mal à s’assumer et se poser pour se focaliser sur Evelyne, qui semble pourtant, aux dires du réalisateur fasciné par les tueuses, être son sujet. La BO le suggère également, puisqu’elle vient souligner la détresse psychologique d’Evelyne, son incapacité à faire des choix par elle-même. A côté de ça, Vicky a moins d’importance, sauf dans sa capacité à faire vaciller Evelyne. Mais on regrettera le côté un peu naïf et trop innocent qui entoure la vie de Vicky. Comme si le réalisateur avait voulu à tout prix trouver un personnage avec lequel être en empathie, pour ne pas mettre le spectateur trop mal à l’aise. Alors que le type de film qu’il a choisi de réaliser est typiquement un opus qui est censé faire détourner les yeux de l’écran… Pourtant, Ben Young joue sur les hors champs pour suggérer la violence plus qu’il ne la montre et parvient ainsi à jouer avec nos nerfs et notre imagination. C’est là que réside la vraie réussite esthétique du film car, à côté de cela, la multiplication des ralentis est un peu maniériste et montre que Ben Young cherche encore sa pâte. Le film reste glauque mais sans véritable but et il a tendance à trop vouloir plaire au spectateur pour aller jusqu’au bout de son projet de suivre des tueurs en série violents et sans autre limite que leur amour autodestructeur.