Critique de Love My Life par TiBer0use
En dépit de quelques maladresses (sans doute dût à son apparent faible budget), le film est vraiment touchant et les différents acteurs (notamment Imajuku Asami) sont remarquables.
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le 23 avr. 2011
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Avec l’histoire d’amour entre deux jeunes femmes, ce film (2006 – 1h36) évoque l’homosexualité féminine. Le scénario de Hiroko Kanasugi reprend semble-t-il fidèlement, la trame du manga éponyme de Ebine Yamagi (2004) ici adapté.
Love my life se révèle assez astucieux, car il ménage de nombreuses surprises tout en évoquant une gamme très riche des soucis que rencontrent les couples homosexuels, leurs entourages et leurs familles. Le film séduit par ses choix de couleurs, son casting et les situations qu’il présente. Dans l’ensemble les enchainements s’emboitent assez naturellement, même si on peut qualifier le premier rebondissement de franchement énorme.
Côté spectateurs, l’appréciation risque quelques petites variations en fonction du sexe et de l’orientation sexuelle (voir deux femmes ensemble ne fait pas le même effet à un homme qu’à une femme). Mais je dirais que l’histoire d’amour elle-même passe plutôt bien, car les jeunes actrices dégagent un charme réel. Elles sont jeunes, mignonnes, enthousiastes. Et même si au début, on pourrait les croire issues du même moule tant leurs looks sont semblables, le film fait en sorte qu’on distingue rapidement leurs différentes personnalités. Toujours souriante, Ichiko (Rei Yoshii) déborde d’enthousiasme et n’appréhende que vaguement le moment où elle présentera Eriko (Asami Imajuku) à son père (sa mère est morte). Si Eri appréhende davantage le coming out, c’est parce qu’elle sait son père attaché à des valeurs très traditionalistes. Elle étudie pour devenir avocate comme lui, mais lui considère qu’en tant que femme sa place est à la maison pour tenir le ménage (sous entendue, mariée avec des enfants). Dans ces conditions, faire des études ne sert à rien. Alors, lui annoncer qu’elle compte vivre avec une femme…
Peut-être à cause de son vécu familial, Eri (un peu plus grande qu’Ichiko) a davantage le sens des réalités. D’ailleurs, c’est chez elle que les jeunes filles se voient, ce qui donne une position forte à son père qui pourrait lui couper les vivres. Et puis, dans ses goûts, sa manière d’être, on sent Ichiko légèrement plus féminine qu’Eri, mais aussi plus naïve et plus fragile. Également étudiante, Ichiko travaille chez un disquaire, ce qui l’amène à côtoyer du monde. Elle y fera une rencontre inattendue qui va chambouler sa vision des choses et sa perception de l’avenir.
Parmi les personnes qu’Ichiko côtoie, il y a un étudiant homosexuel qu’elle considère comme un ami. Bien pratique d’ailleurs, car elle ne risque rien en lui faisant des confidences assez poussées. Par contre, ce qui tourne autour de lui déçoit un peu, car on note beaucoup d’attitudes assez puériles, notamment avec le personnage de Yukako (Kami Hiraiwa).
Bien entendu, l’univers du film est assez fortement féminin, ce que l’affiche rend bien, les deux jeunes filles étant allongées sur une couverture à franges, les couleurs dans des tons clairs et ce cœur à la place du O. Le film joue la carte de la sensibilité féminine, avec un univers coloré et lumineux. Trop, car un gros défaut saute rapidement aux yeux et finit par franchement gêner en se reproduisant régulièrement : les arrière-plans vers l’extérieur (fenêtres, etc.) donnent un blanc qui brûle littéralement l’écran (film vu sur support DVD). De manière générale, l’ambiance et le rendu à l’image sentent le petit budget.
Le film débute par un plan éloigné sur les deux jeunes filles allongées chez Eri. La position de la caméra, au ras du sol, serait-elle une référence au cinéma de Yasujiro Ozu ? Pas vraiment, car on constate qu’elles sont sur un lit et que celui-ci est légèrement surélevé par rapport au sol. De plus, l’univers coloré, la mobilité de la caméra, l’identité des protagonistes montrent rapidement la modernité du film (sans compter la BO très rock signée Noodles). A travers les confrontations des personnages, une certaine vision du Japon moderne se dessine, même si les scènes d’intérieur dominent largement (malgré une séquence sur une plage).
Reste la représentation de l’homosexualité féminine à l’écran. Rien de volontairement choquant, même si quelques séquences mettent en évidence que l’amour entre Ichiko et Eri, fait de connivence, complicité, moments de partage, est aussi fait de douceur, sensualité et plaisirs partagés.
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Créée
le 8 avr. 2019
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