Cette comédie romantique (ou plutôt ce teen-movie), qui paraît à priori ressembler à beaucoup d’autres et comme Hollywood sait en produire à la pelle, développe une particularité très peu - voire jamais - proposée dans ce type de production tous publics. En effet, le protagoniste principal est gay et « Love, Simon » déroule son petit programme en essayant d’inscrire cette donnée de la manière la plus naturelle possible. On peut donc déjà saluer le courage des producteurs de se lancer dans un tel projet, qui a d’ailleurs été couronné d’un relatif succès outre-Atlantique, et que ce ne sera pas le dernier. Et la seconde donnée importante du long-métrage, et non des moindres une fois cela acquis, est qu’il tente toujours d’éviter toute la palanquée de clichés usuels sur le sujet. S’il y a certains passages obligés, c’est plutôt ceux du teen-movie que ceux utilisés habituellement lorsqu’un personnage gay se retrouve à l’écran. Et c’est tant mieux !
La première partie du film est somme toute classique et un peu longuette. On est dans l’univers lycéen avec ses codes et ses figures imposées mais on ressent tout de même toujours une volonté de véracité et de justesse. Néanmoins, si « Love, Simon » ne sombre jamais trop dans l’aspect fleur bleue et la guimauve, il n’est pas non plus dans une sorte réalisme aride et triste. On peut même dire que l’équilibre entre les deux a été miraculeusement trouvé par le réalisateur Greg Berlanti et ses scénaristes. Cette œuvre doit beaucoup à la fraîcheur des comédiens qui incarnent des lycéens normaux et pour une fois pas trop enfermés dans les cases que le genre impose. Et on peut féliciter le jeune Nick Robinson (vu dans « Jurassic World ») d’avoir osé prendre ce rôle à bras le corps. Enfin un gay normal, loin de toute caricature souvent dictée par l’inconscient collectif et les médias. Chaque personne gay ou différente peut se retrouver dans ce jeune homme à la vie classique hormis sa sexualité et cette identification possible fait beaucoup dans la réussite du film.
Mais plus le film avance, plus les sentiments nobles prennent le pas sur la légèreté. Certes, le film ne se rêve pas en comédie aux gags gras et il n’investit pas non plus le terrain de l’humour potache à la Judd Appatow ou au mètre étalon du genre, « American Pie ». C’est un film qui aspire à plus de profondeur et d’aspérités. Et lorsque le personnage principal fait enfin son coming-out, un torrent d’émotions nous submerge et les belles séquences pleine de justesse s’enchaînent. Et c’est là que « Love, Simon » finit par nous toucher en plein cœur et devient beau voire déchirant. Les scènes avec les parents compréhensifs sont déchirantes à pleurer et le happy-end est mignon à souhaits. Toujours juste sur le fond en dépit d’une forme très classique, on ne peut qu’être cueillis par une œuvre généreuse qui a pour but tout autant de faire avancer les choses que de nous émouvoir. A ce titre, ce joli film est aussi bien une comédie romantique nécessaire qu’un plaisant teen-movie à faire voir à tous pour changer les mentalités et faire reculer discriminations et préjugés. En tous points, c’est réussi à défaut d’être incontournable dans le genre.
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