Jeff Nichols nous a habitué à mieux. L'histoire vraie de ce couple faisant face aux lois interdisant les mariages "inter-raciaux" arrive dans un contexte américains (et français...) propice à la prise de conscience. Le sujet résonne fort aujourd'hui mais la copie rendu par Nichols n'est pas à la hauteur du défis qu'il semblait vouloir surmonter. Mais ce n'est pas forcément le résultat d'une erreur. Le cinéma de Jeff Nichols est intimiste, c'est l'humain qui est au cœur de ses histoires, sans emphase mais juste avec respect. Pour cette première adaptation d'une histoire vraie, il reprend le ton narratif d'un "Take Shelter" en 2011, ou les personnages portent le récit, plus que la situation qu'ils vivent. Voilà qui ne fonctionne pas pour "Loving", la portée du message est en dehors du couple. C'est ce que la situation du couple provoque dans le pays qui amène un intérêt centrale à l'histoire. Il est vrai que le souhait du couple de rester en retrait de cela, de s'occuper de sa famille uniquement, est un message fort, mais au final,à trop vouloir rester sur les personnages en retrait, on sent qu Jeff Nichols ne sait plus trop quoi raconter. Jeff Nichols n'est pas passé à côté du sujet, au contraire, il s'y est beaucoup trop concentré, quitte à s'y enfermer. A travers cela, ce sont forcément les acteurs qui brillent, si Joel Edgerton semble ici trouver une performance qui le transcende, c'était sans compter sur l'actrice Ruth Negga qui se retrouve nommée à l'oscar de la meilleure actrice. Les deux acteurs campent avec une justesse et une intimité quasi parfaite le couple Loving, coeur du récit.
Il s'agit du 5ème film de Jeff Nichols après Shotgun stories (2007), Take Shelter (2011) Mud : Sur les rives du Mississippi (2012) et Midnight Special en 2016, on peux donc laisser du répit à Nichols qui nous a habitué à bien mieux.