En Angleterre, plusieurs années après la Seconde Guerre Mondiale, la voiture d'un couple (dont on comprendra qu'ils sont frère et soeur) va tuer sur le coup un jeune cycliste. Cependant, au lieu d'aller à la police, ceux-ci vont emmener le cadavre chez eux et le faire asseoir dans un fauteuil où la vieille femme va se confesser à lui.
Bien que le premier film réalisé par Tony Scott soit Les prédateurs en 1983, il avait déjà une certaine expérience du cinéma. Tout comme son frère ainé Ridley, il a tourné énormément de publicités, ainsi que des courts-métrages. Loving memory est le deuxième qu'il ait tourné, profitant d'une aide financière de la BFI et de l'acteur Albert Finney qui produisait de manière généreuse des tas de films, y compris ceux où il ne jouait pas.
Il faut dire que c'est totalement opposé à ce qu'on connait de Tony (dit Anthony) Scott ; noir et blanc, une sècheresse dans la narration, seulement trois acteurs (dont un qui joue un mort), peu de plans, aucune musique ou presque... Mais quelque part, c'est passionnant de voir les premiers essais d'un réalisateur alors âgé de 26 ans, qui sera d'ailleurs remarqué à la Semaine de la critique en 1970. En gros, Rosamund Greenwood, qu'on avait vue dans Rendez-vous avec la peur, va utiliser entre guillemets la présence de ce cadavre, qu'elle nettoie afin qu'on ne voit plus le sang couler de sa tête à la suite de son accident, pour se confesser, et raconter le traumatisme qu'elle vit depuis des années. Alors que pendant ce temps, le frère va travailler autour de la maison, puis va l'aider pour le dernier voyage de ce mourant. Au fond, il se passe peu de choses, mais déjà, c'est magnifié par la photo de Chris Menges, mais aussi par cette austérité qui remplace bien des mots.
J'ai voulu voir ce film en tant que fan de Tony Scott (qui nous manque), et ces quasi-débuts sont déjà comme une rupture avec son cinéma à venir.