Luca ne semble pas déchaîner les passions.
Beaucoup vous ont sans doute déjà dit qu'il s'agissait d'un Pixar mineur, voire industrialisé. Ils n'auront peut être pas tort sur toute la ligne, après tout.
Car Luca s'inscrit à des années-lumière, à l'évidence, des fulgurances des débuts, ou encore de la mélancolie et de la poésie de Vice-Versa ou du récent Soul. Il n'y aura pas plus de concepts forts et novateurs, d'audace, ou encore de ce qui distinguait immédiatement le studio à la lampe de ses concurrents en matière d'animation.
Mais Luca conserve malgré tout un certain charme, une séduction toute italienne qui s'épanouit dans les clichés et le soleil souverain baignant le cadre idyllique d'un petit village côtier suranné aux allures de fantasme. Tandis que la première partie du film semble mener la dolce vita avec ses enjeux dérisoires - Pensez-vous, une simple Vespa ! - qui épousent des désirs à hauteur d'enfant.
Des désirs de liberté et de voyage partagés par deux amis à la découverte du monde suscitant à la fois curiosité, envie et crainte. Partagée par le monde des hommes par le biais des mythes et des légendes mettant en scène la menace des monstres marins, décor de fond pour une fable sur la différence et l'acceptation de l'autre. Qui pourra paraître naïve aux yeux de certains, mais jamais épaisse. Car il y a peut être, aussi, autre chose animant l'oeuvre.
Car Luca badine, visite, s'attarde et s'embarque dans des petites péripéties typiques des vacances d'été, avec tout ce qu'elles comportent en terme de légèreté, de malice et d'amitié. Luca embrasse tour à tour des rêves de Vespa, de victoire ou de mettre fin à un règne de terreur d'un méchant d'opérette. Soit ceux qui sont nourris par d'autres, Alberto et Giulia. Le trio ne pourra que se brouiller, pour mieux se réconcilier. Mais Luca y gagne le fait d'avoir grandi un peu, en donnant corps à son propre rêve : acquérir la liberté par le savoir.
La beauté du film est bel et bien là, tout comme le plaisir de partager le voyage de Luca vers ce minuscule village italien de soleil, de pasta, de pêche et de douceur de vivre. Et il y a aussi cette atmosphère subliminale, en forme d'hommage, à l'esprit Ghibli qui animait le récit d'émancipation d'un film comme Kiki la Petite Sorcière.
Celle-ci continuera de voler haut dans le ciel. Luca, lui, malgré son charme parfois émouvant, se contentera de donner corps à l'insouciance estivale, à ses rencontres, à ses sourires, et aux glaces que l'on déguste. Mais sans jamais aller au delà. Sans jamais renouer avec la plénitude de la magie Pixar des débuts.
Tout en se montrant attachant.
Behind_the_Mask, qui met de l'huile pour glisser comme une sardine.