Titre prometteur pour film aussi ibérique que torride, Lucia a au moins le mérite de ne pas survendre ses effets d’annonce. De sexe, il sera bien question, dans tous ses versants, du romantisme au clair de lune aux jeux les plus coquins, en passant par un érotisme noir et destructeur. Alors que son point de départ est celui d’une fuite hors du monde, vers une île écrasée de soleil sur laquelle l’héroïne tente de se reconstruire, le jeu complexe des flashbacks et des liens avec le présent va permettre un kaléidoscope sensoriel et narratif assez touffu, pour ne pas dire confus.


Par l’entremise d’un personnage d’écrivain, Julio Medem pense en effet avoir trouvé l’alibi parfait pour mélanger fiction et réalité, ce qui n’est pas toujours très heureux pour la fluidité du film, d’autant que celui-ci dépasse les 2h10. On a un peu le sentiment de se retrouver devant une série dont on aurait fusionné les épisodes, tant les renversements, hasards et coïncidences se télescopent. La dimension romanesque qui dans ses débuts peut rappeler certaines destinées féminines de l’univers d’Almodovar (femmes fortes, parcours torturé, rapport à la maternité, au deuil et à l’émancipation) n’est pas dénuée de charme, et ce recours assumé à l’écriture feuilletonesque occasionne des détours amusants.


Mais les mises en abyme sont assez lourdes, et la thématique de l’écriture, de l’échappée du réel comme réconciliation avec ce dernier, des coïncidences virent un peu au catalogue et font perdre à l’univers ce qu’il avait pu construire au départ. Car la grande qualité du film résidait dans un premier temps dans l’incarnation de ses personnages : êtres de chair, bien entendu, puisque souvent portés sur la fusion des corps, mais aussi par leur rapport au climat, notamment dans ces belles séquences d’errance insulaire et de chute dans les concavités rocheuses qui virent presque au fantastique.


Débordé par son ambition, Medem semble finalement faire preuve de la même immaturité romantico-lyrique que son personnage d’écrivain. C’est dommage, car s’il maîtrise la forme, il lui reste ici à s’assagir sur le fond pour éviter d’étouffer ses personnages… et les spectateurs avec eux.

Sergent_Pepper
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le 25 juil. 2017

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