Lucille et le photomaton est l'histoire d'une caissière de supermarché qui est à Paris depuis peu de temps. Quand elle est contrariée et qu'elle ne va pas bien, elle aime se prendre en photo dans les photomatons. Un jour, elle trouve la photo d'un inconnu dans la machine, elle en tombe amoureuse et part à sa recherche...
Bon ça vous rappelle rien ? Avec des petits détails changés, oui nier la pure coïncidence entre "Le Fabuleux Destin d'Amélie Poulain" et "Lucille et le photomaton" c'est être de mauvaise foi. Alors que j'aime éperdument le film de Jean-Pierre Jeunet, je voulais être objective et regarder de plus près ces accusations de plagiat.
Il est clair et net que l'intrigue autour du photomaton et des photos a grandement inspiré pour l'histoire d'Amélie.
Cependant, si l'idée est bel et bien un vol voici les pours et les contres artistiques de ces deux oeuvres mise en perspective.
C'est du plagiat :
- Le photomaton, les photos, le réparateur...
- Les vêtements de Lucille, son côté rêveuse, son âme d'enfant
C'est du plagiat mais on va jouer avec le feu...
Dans "le Fabuleux Destin d'Amélie Poulain" l'intrigue des photomatons n'est pas la principale. Elle ne se prend pas en photo, et elle ne trouve pas de photo de Nino. Mais en effet, au final le mystère des photos à répétition du même homme c'est en réalité le réparateur.
C'est un court-métrage de 17 minutes face à un long-métrage de 2 heures. Cependant, oui, il est clair que dans les 17 minutes, il y en a pas mal qui sont clairement insérées dans Amélie Poulain.
Ma nuance
C'était un drame de savoir que l'un de mes films préférés était potentiellement un vol. Il l'est malgré tout. Bien que ça n'atténue pas le vol de la propriété intellectuelle et artistique à Sébastien Nuzzo, Jeunet a piqué l'idée pour la faire en mieux. Il l'a magnifiée. A donné une photographie plus belle (sûrement aussi car il avait plus de moyen), il a donné une personnalité aux personnages, il a eu le temps de les élaborer tandis que pour Lucille (et ce n'est pas de sa faute en soit) le format court ne permettait pas un attachement et un développement des personnages adéquats. Amélie a beaucoup plus de nuance, elle est timide, tenace, et a de l'esprit. Lucille paraît un peu simplette malheureusement. Elles sont certes toutes les deux enfantines, mais l'une a eu la chance d'avoir une histoire longue pour qu'on puisse la connaître, l'autre est adorable mais elle passe en coup de vent... Il y a tout de même de beaux petits personnages, la collègue taquine, de Lucille au supermarché, son patron chiant qui parle trop vite. Mais on a pas assez de temps pour les aimer.
Il est clair que la mention de ce court-métrage en tant qu'inspiration aurait dû être faite. Je suis triste pour ce petit film qui est à l'origine d'une merveilleuse idée mais qui n'a peut-être pas eu les moyens nécessaires pour la développer. Amélie Poulain est un chef d'oeuvre, mais c'est un film qui est parti avec quelques privilèges.
Heureuse d'avoir découvert Lucille, désormais je dirais, "Amélie Poulain a été inspiré du court-métrage Lucille et le photomaton" car il faut rendre au photomaton ce qui revient au photomaton <3