Lucky ? Unlucky

Pub fumeuse du temps où la publicité pour les clopes n'était pas aussi réglementée !...
"Chanceux", "Y'a pas d'bol", mais y a aussi ceux qui portent la scoumoune comme Jo dans cette épopée (Eddy Constantine) et qui aidera la police sans le vouloir ! Les porteurs de poisse sont mal vus des gangsters qui préparent un mauvais coup, et c'est cette histoire qu'exploite Michel Deville (1931-2023) le réalisateur-scénariste, dans cette sixième oeuvre. Et prélude à une longue carrière commencée en 1964 (avec Charles Gérard) et achevée en 2005...
Vous l'avouerais-je, je me suis régalé avec ce film rétro (je déteste le mot vintage) déjà parce qu'il constitue un véritable témoignage patrimonial des anciennes rues de Paris, alors inondées de voitures de l'époque, roulant impunément au diesel ou pas (ah les Panhard et leurs moteurs refroidis par air !) mais aussi de sa police, en un temps où l'expression "force strictement nécessaire" n'était pas de règle ...
Comme ce flic dans un des plans abattant froidement un malfrat (J.P. Darras) en fuite qui ne le menaçait en rien et qui comble de malchance, avait été déjà "pruné" pendant le déroulement de son hold-up. Autre "y'a pas d'bol !
Aventure bien plus passionnante que certaines séries policières actuelles que nous solde à tour de manivelles le service public aujourd'hui...
Je ne vous raconterai pas l'histoire pleine de rebondissements, dynamique, mais elle commence -par quatre gangsters prêts à tout, en voulant au bien des autres !
Vous savez ce que sont les économies : "de l'argent qu'on met de côté pour l'avoir devant soi et assurer ainsi ses arrières !"
Ce film commence "sur les chapeaux de roues" d'un fourgon de "grand-papa" transportant des lingots d'or, qui n'ira pas bien loin....Point de départ d'une réalisation enjouée, et d'un scénario que l'on doit au réalisateur, mais aussi à la plume avertie (pour une fois) de Nina Companeez. Elle officie aussi aux dialogues et au montage . On lui doit cette superbe réplique de Brasseur senior (commissaire principal) qui répond à Brasseur Junior simple flic et en réponse à une question énigmatique:"S'il n'y avait plus de mystère dans notre métier, il n'y aurait plus de vocations !"
Ça ressemble à du Audiard et c'est aussi délicieux à entendre que suranné!
Le casting qui ne s'appelait pas encore ainsi à l'époque, est aussi un choix de roi... Je mettrai à part Eddie Constantine, "usé" dans ce genre de rôle de voyou n'hésitant pas à "faire le coup de poing". Dans ces années-là, les pugilats ou bagarres de rues étaient bien plus fréquentes... Les salles de boxe avaient cédé le pas au patinage à roulettes en famille, puis au catch, très couru du public, avant d'être reconverties à tout autre chose.
Ici, Jo sort vainqueur de combats face à plusieurs, ce qui ressemble plus à du catch avec

les pirouettes de cascadeurs. A l'époque, beaucoup se demandaient si ce pseudo sport en était un et si c'était du "chiqué" ou pas ! Constantine n'était pas vraiment à sa place ici comme acteur mais l'Amérique n'en voulant pas comme chanteur, (pas plus que la France d'ailleurs) Eddie vivait du )cinéma puisque le public l'appréciait et le plébiscitait...
Il y a aussi dans la distribution deux des trois générations les des Brasseur chez lesquels le métier de comédien se transmet comme une charge notoriale :de grand-père en petit fils... (Pierre, Claude, Alexandre...)
Mais bien d'autres belles pointures comme Darras, Wilson, Barbier... Mais avec en prime quelques ravissantes jeunes femmes comme Françoise Arnoul (mimi) à laquelle je voudrais rendre hommage ici sans qu'elle ait eu droit elle, aux multiples hommages qu'a reçus récemment Belmondo. Malgré un nombre de films presque aussi long que le Bottin mondain de l'époque. Elle était, née à Constantine en 1931 et décédée à 90 ans...
Une superbe comédienne dont la plastique séduisait beaucoup d'hommes et qu'on présentait comme une rivale de B.B. Mais il y a aussi une autre actrice très marquante : Christiane Minazzoli, décédée elle en 2014 à 83 ans, elle aussi belle comme "la femme d'un autre ... Et qu'on ne verra jamais autrement qu'en tenue de nuit...Et pourb tout vous dire, même le chien (Seccotine) fait de son mieux
pour montrer son admiration à Jo : on pense un instant à la BD de "Boule et Bill"...
Bon, à l'époque les femmes devaient souvent jouer (plus ou moins déshabillées) les pots de fleurs et faire tapisserie, mais Deville ne les a pas utilisées ici que comme simples figurantes : heureux choix...
Ajoutons au tableau la superbe autant que discrète musique du roubaisien Georges Delerue qui ne trahit pas l'ambiance générale, et vous connaîtrez les raisons de ma note que certains jugeront peut-être fort généreuses.
Je viens d'ailleurs de découvrir que ce film qu'il faut regarder un peu comme les photos jaunies d'un vieil album photos de famille, et en prenant en compte que les caméras n'étaient pas servies par des drones comme aujourd'hui, avait été milionnaire en entrées : 1 101 846 pour être précis et la 34° place du Box Office français 1964 l'année où d'autres policiers y trônaient sur le podium : "Les gendarmes de Saint Tropez" et leurs 7 MM d'admirateurs.
Une aubaine et une découverte heureuse que nous a réservée cette projection 2021 de France 3...

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France 3 le 18.09.2021-Arte le16 et 21.08.2024-