Tebé or not tebé
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Putain, quinze ans. Plus précisément, depuis Jeanne d'Arc, cela fait quinze ans que nous avons perdu Luc Besson. Littéralement porté disparu. Car assurément, ce n'est pas le même bonhomme qui a réalisé Nikita et, au hasard, Malavita. Ca doit être un sosie, pas possible autrement. Et si la situation nécessite ce subterfuge, c'est à coup sûr qu'elle est grave. Ou qu'il perd tout simplement la tête, ou quelque chose dans le genre. Ou ses moyens.
Alors Lucy sera son film testament. La dernière de ses traces dans l'univers du septième art. Son oeuvre la plus sérieuse, la plus grave, la plus aboutie. Il y parle du cerveau et de son utilisation, ça fait tout de suite plus sérieux, non ? Comme les intermèdes type "L'évolution pour les nuls" ou façon reportage sponsorisé National Geographic. Surtout celui avec l'antilope et les guépards, pour bien dire que Scarlett est la victime qui ne pourra jamais s'en sortir vivante. Elle se retrouve avec un pain de Daddy Sucre de couleur bleue (c'est une édition limitée) dans le ventre. Et quand un voyou bourre Scarlett de coups de pieds, vlà-t-y-pas qu'un feu d'artifice intestinal se produit et lui procure des superpouvoirs. Bon, au tout début, elle peut pas faire grand chose, Scarlett, sauf se prendre pour Sophie Marceau dans Belphégor. Si, si, Belphégor, c'est Luc qui lui a donné le DVD pour bosser son rôle.
Sous l'effet du Daddy Sucre, la dernière drogue à la mode, Scarlett exploite des recoins insoupçonnés de son cerveau. Bon, elle y a seulement accès, car question remplissage et acquisition du savoir, Luc, il a fait plutôt l'école buissonnière. C'est pas parce qu'on a accès à plus de matière grise que l'on peut se transformer ipso facto en espion as de la gâchette ou en chauffeur de taxi émérite, hein. Faudrait peut être avant apprendre les bases : l'inné, l'acquis, tout ça...
Mais il faut bien qu'on l'utilise, la jolie caboche upgradée de Scarlett. Donc, elle se transforme le temps d'une scène en Doctissimo.com et déchiffre le chinois en un clin d'oeil comme si c'était un message codé pour mômes déficients. Y'a pas à dire, c'est cool de débloquer des zones cachées de sa ciboule comme on découvre une warp zone dans un jeu vidéo. Revers de la médaille de la connaissance, Scarlett devient effervescente comme un Aspro dans un verre d'eau. Et hop, que je replonge le nez dans l'Daddy bleu, et ça repart, comme avec les Mars. Et que Scarlett devient au passage une sorte de Magneto couplée à une Jean Grey. Et qu'elle se met à réciter, dans la même phrase excusez du peu, du Rousseau, du Nietchze, du Einstein et du Jean-Claude Van Damme. Ca, ça fait sérieux dans le film de sa vie. Et pas qu'un peu.
Sauf que tout génie qu'elle soit devenue, Scarlett, elle n'a cependant toujours pas appris à faire deux choses à la fois. Alors que les femmes, dans leur état normal, en sont capables et s'en vantent, en plus. En effet, sa logorrhée verbale m'as-tu-vu l'empêche de s'occuper des méchants , alors que ce serait fait en un clin d'oeil si elle exploitait réellement ses talents.
Non, elle se dit au delà de la matière. Elle échappe à l'espace et au temps, dans son petit fauteuil ergonomique noir de scientifique bigleux. Elle s'amuse à touche-didi avec Lucy version préhistoire, comme sur l'affiche d'E.T., avant de partir voir le big bang et de s'engager dans une métaphysique des tubes flashy comme un mauvais Jan Kounen. Et pour finir, elle se transforme en dark gloubiboulga. Plus de Scarlett en T-shirt blanc transparent laissant deviner son soutien gorge en dentelle noire (c'est pour filer la métaphore avec l'antilope au début, car elle a une barre noire sur le flanc). Rideau. Fin.
Ouais... Pour un film qui cause du cerveau et de la capacité à s'en servir, être bête à manger du foin à ce point, c'est un comble. Mais c'est la preuve que Luc, bien loin d'utiliser toutes ses facultés, souffre au contraire de dégénérescence neuronale. Depuis à peu près quinze ans. Depuis Jeanne d'Arc.
Behind_the_Mask, qui essaie de faire baisser l'âge de son cerveau sur le programme d'Entraînement Cérébral du Docteur Kawashima.
Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Une année au cinéma : 2014, Les plus belles plumes au service de la critique, Pour moi, 2015, c'était... et Les meilleurs films de Luc Besson
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le 25 juin 2015
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