Tebé or not tebé
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Luc Besson aime les films un peu bordéliques, je veux dire colorés, très dynamiques, remplis d'effets, dans un rythme effréné, avec des moments drôles, plus intimes ou totalement démesurés. Il puise précisément dans ce que le cinéma américain sait faire, tout en y ajoutant systématiquement une petite "french touch".
Ce film est typique de Besson et de son style, souvent décrié il est vrai, s'en est agréable par moment et nanardesque par d'autres. Besson, clairement, sait faire des films d'actions, comme personne en France d'ailleurs. Il a puisé chez les américains ce sens du rythme et de l'image chorégraphiée. La scène de poursuite dans Paris est visuellement et rythmiquement parlant très classe, pour un film français j'entends. Mais Besson est toujours excessif, son film est truffé d'effets spéciaux, sorte de bouillie indigeste d'ajouts numériques et on se perd. La scène finale, où l'univers entier semble fusionner avec l'héroïne est un pâle remake de ce que fait génialement un Terrence Malick. Ce n'est pas tant du à la qualité visuelle elle-même qu'à l'incongruité de tels effets dans un film où le propos est liminaire. Donner de la démesure visuelle à un scénario si vide c'est multiplier simplement du néant. En fait, techniquement, sur la forme, tout y est, mais Besson peine dans ce film à s'installer dans une dramaturgie efficace. Le fond ne suit pas.
Il faut dire qu'il part d'un constat simple qui aurait pu faire mouche : celui que nous utilisons 10% de notre intelligence. Une nouvelle drogue mise au point en Asie donne la capacité de décupler l'intelligence et notre utilisation du cerveau. L'héroïne, incarnée par Scarlett Johansson, assez décevante dans ce film mais ce n'est que partiellement sa faute vue le rôle qu'elle doit interpréter, en fait les frais et devient, peu à peu, un surhomme, ou plutôt une sur-femme, aux sens exacerbés et à l'intelligence démultipliée. C'est à peu près tout. Le reste est une course poursuite entre un cartel de la drogue taïwanais et l'héroïne qui veut dévoiler son savoir et sa connaissance à des scientifiques passionnés par le sujet. C'est le rôle de Morgan Freeman que d'être la caution scientifique de cette vague fumisterie, finalement pas expliquée et invraisembable. Les conférences de ce scientifique parsèment le film pour donner des explications mais aussi une portée et un sens à tout ça. Mais c'est assez vain. Morgan Freeman fait du Morgan Freeman. Il est toujours aussi classe ceci dit. Cependant ne boudons pas totalement notre plaisir : voir un tel casting dans une production française est très agréable.
On notera que Besson, comme toujours, met en avant un certains nombres d'acteurs français, même dans des seconds rôles, et il a toujours eu du flaire en la matière, puisque de nombreux acteurs ont émergé au travers de sa filmographie, je pense à Maiween mais que. Luc Besson est également drôle : il se moque tendrement de la France, avec du second degré. Il parodie par moments de gros clichés des films américains mais, contrairement, au Cinquième Élément qui était une vraie réussite sur ce point, la mayonnaise ne prends pas.
Pour finir, un film qui montre à la fois les qualités de Luc Besson mais aussi ses défauts et ils sont bien vilains parfois. Lucy reste en-dessous cependant d'autres de ses films à cause d'un scénario tiré par les cheveux, qui laisse assez indifférent et qui casse la tension dramatique du film ainsi qu'une réalisation par moment trop prétentieuse et pompeuse pour le propos. J'ai vu mieux, j'ai vu pire.
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Créée
le 5 mars 2015
Critique lue 281 fois
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