À la base, c’était une pièce de théâtre à succès intitulée « La Meute ». Écrite par Catherine-Anne Toupin qui incarnait également le rôle principal, elle a rencontré un franc succès à Montréal il y a quelques années ce qui a poussé une partie de l’équipe à travailler à une adaptation pour le grand écran. Toujours avec le même trio de comédiens (Catherine-Anne Toupin donc, mais aussi Guillaume Cyr et Lise Roy), le film prend le titre énigmatique de « Lucy Grizzli Sophie ». Un titre qui prend tout son sens une fois le long-métrage visionné. C’est Anne Emond qui se charge de l’adaptation de cette œuvre psychologique mâtinée de thriller. Une cinéaste qui nous avait offert le solaire et délicieux coming-age movie « Jeune Juliette » il y a tout juste cinq ans. Sans avoir vu la pièce, fortement acclamée, on ne peut s’empêcher de penser que cette version cinéma est en dessous tant elle ne captive pas au-delà de son twist final très surprenant.
Mais une œuvre peut-elle juste se satisfaire d’un retournement de situation final inattendu et vraiment scotchant? Évidemment non. Surtout que ledit twist est amené de manière un peu brusque et pas forcément convaincante. Et que les rares indices fournis au spectateur sont maladroits, on pense notamment à ces bribes de flashbacks mis un peu n’importe comment. Conme si en salle de montage, l’équipe ne savait pas où les placer et choisissait de les disséminer un peu n’importe comment. Et si le film est relativement court, il n’empêche que les quatre-vingt-dix minutes qu’il dure paraissent parfois longues et vaines. Certes, les prémisses intriguent et pendant longtemps on ne sait vraiment pas de quoi il retourne. Mais une fois l’introduction posée, il ne se passe pas grand-chose et la relation qui s’installe entre les deux protagonistes est étrange mais peu roborative. Une séquence de beuverie qui aura certes son importance pour la suite prend, par exemple, des allures de supplice à rallonge qui oscille entre la gêne et le ridicule.
« Lucy Grizzli Sophie » ne parvient pas à captiver sur le long terme. On sent que la réalisatrice a tenté de brouiller les pistes et d’instaurer une certaine ambiance glauque et mystérieuse mais cela ne fonctionne pas vraiment. Ou rarement. Les dialogues sont assez limités et si le jeu des acteurs est correct et probablement conforme à ce qu’ils proposaient lors des représentations de la pièce, on adhère moyennement. Quant au fin mot de l’histoire à base de masculinité toxique (encore) et d’harcèlement sur les réseaux sociaux, il tombe comme un cheveu sur la soupe. On a déjà vu bien mieux et percutant sur le sujet et la morale finale à base de vengeance est presque douteuse. Pourtant c’est un sujet grave et important mais la manière dont il est amené à l’écran n’est pas vraiment convaincante. En somme, on sort de la projection quelque peu dubitatif et dans le genre et pour rester québécois, mieux vaut revoir « Les Chambres rouges ».
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