Dernier film de la journée et deuxième film indien, Q, de son vrai nom Qaushiq Mukherjee, (qui avait clôturé le Festival des Cinémas Différents de Paris en 2014 avec Gandu) revient en France avec son nouveau film Ludo, co-réalisé avec l’artiste Nikon. J’avoue avoir été un peu dur avec Gandu quand je l’ai découvert, mais quand on a trop d’attentes, on est souvent déçu. Dans sa guerre anti-bollywood, Q a donc encore frappé, avec un film complaisant dans sa violence gore, et dans le délire narratif dans lequel il nous entraîne pendant l’heure et demie du film. Espéré comme un film de fantômes qui fait peur, le film dérange et surprend plus qu’autre chose. Passé la mise en scène et l’écriture un peu lourdingues qui enchaînent des plans de coupes redondants sur le jeu de société du film, et des flash-backs explicatifs plutôt ennuyeux, le film parle au fond du problème qu’ont les jeunes pour baiser, dans un pays ou le mariage définit encore les relations que les gens doivent entretenir. Obligés d’aller d’hôtel en hôtel, les deux jeunes couples finissent par s’introduire dans un centre commercial, havre du capitalisme et de la consommation à outrance. Le film dévoile alors ce paradoxe qui habite toute société libérale, entre consommation de masse et frustration des corps et des désirs. D’un côté, on peut acheter quasiment n’importe quoi, et de l’autre il nous est interdit et tabou de consommer ce qui nous appartient, notre propre corps. Tellement interdit que ces deux entités maléfiques apparaissent comme des victimes qui ne répondent qu’à des besoins que la société les a condamnés d’avoir. Le film reste un peu ennuyeux, et aurait bénéficié d’un temps plus court. Il ne se serait pas perdu dans des explications foutraques et qui vire vite au ridicule tellement l’écriture se permet tout et n’importe quoi. Mais bon, quand on se bat contre une machine comme Bollywood, je peux pardonner (presque) tout.
Tiré du journal de l'Étrange Festival de Paris : lire l'article entier sur mon blog...