Guillaume C. : ses amours, ses emmerdes et on s'en fout !

‘Lui’ est un des films les plus grotesques sorti au cinéma ces derniers temps. Grotesque, car le scénariste/metteur en scène/acteur Guillaume Canet échoue en tout point. On peut exclure l’interprétation des comédiens du film car le casting all-star (Kassovitz, Casta, Effira et Canet lui-même) n’est pas en cause. Ils n’ont que des scènes et des dialogues ridicules à jouer. La faute en incombe au scénariste puis au metteur en scène Guillaume Canet qui a torché son travail sur ces deux plans.

L’écriture donc. L’idée de base n’est pas mauvaise, sans être follement originale. Un compositeur de musique de film quitte femme et enfants pour s’isoler sur une île bretonne dans une maison pour travailler. En plus des meubles et fournitures, il n’y trouvera qu’un piano désaccordé et des volets à poncer. Adviendra alors une quête de sens, une recherche existentielle qui invoquera sa femme, son ami (et potentiel amant de sa femme, original !), sa maîtresse, ses parents et sa fille ainsi qu’un mystérieux médecin. Tout cela ressemble à du Bertrand Blier mais sans les dialogues. En effet, tout cela manque d’écriture. C’est un problème récurrent chez Guillaume Canet dans tous ses scénarii originaux. Du diptyque ‘Petits Mouchoirs/ Nous finirons ensemble’ où les personnages étaient mal dessinés à l’auto-parodie ‘Rock-n-Roll’ où les scènes étaient trop longues, ces problèmes sont flagrants dans ce film où un coscénariste aurait été nécessaire pour convaincre les fausses bonnes idées du scénariste Canet, mieux bâtir des personnages trop archétypaux et soigner les dialogues. Quand on entend le verbe ‘baiser’ dix fois d’affiler dans la bouche des personnages et dans les dix premières minutes du film, on s’inquiète de la pauvreté du vocabulaire de Guillaume Canet. Ce dernier a écrit ce scénario pendant le 1er confinement. Ce n’était pas assez de temps visiblement. Le film se résoudra avec une facilité de scénario consistant à dédoubler son personnage : le bon et le méchant Canet. Une vraie fausse bonne idée !

La mise-en-scène ensuite. Les effets sont si grossiers et si tape-à-l’œil qu’ils commencent par amuser avant d’irriter car en plus de la nullité du scénario déjà évoqué plus haut, on est affligé par ce que l’on voit. Le réalisateur peine à créer une ambiance. Le film ne fait jamais peur et on ne rit pas. Voici encore un film français bâclé. On s’étonne qu’un producteur n’est pas renvoyé le scénario en réécriture ou le film en remontage (voire en retournage !). Hélas, il me semble que c’est symptomatique d’un certain cinéma actuel à destination populaire, où il y a de l’idée mais les différents processus au film sont traités par-dessus la jambe. L’affligeante comédie ‘Tout nous sourit’ de Mélissa Drigeard en est un autre exemple.