Face à l'universelle beauté des films Lumière s'impose parfois les défauts de leur montage. Car face à la composition modeste du désormais premier volet, à l'émerveillement de leur découverte sur grand écran et à l'envie qu'il faisait naître de connaître plus en profondeur l'incipit (et paradoxalement déjà la fin par son accomplissement absolu) du 7ème art, ce deuxième volet, inattendu et pas forcément désiré, de l'aventure Lumière par Thierry Frémaux, a de fait quelque chose du montage compilatoire didactique. Quitte à créer une dommageable lassitude (bien illustrée par la musique, aussi belle soit-elle, constante) que l'intéressante organisation par volets ne parvient pas à contourner.
Avec ce deuxième film, moins spontané, moins modeste, Frémaux, frôle plus ouvertement et dangereusement l'utilisation détournée de ce trésor de l'humanité à des fins personnelles. Il force ici sa présence et son commentaire, à la curiosité et l'admiration certes intactes, mais devenu plus ampoulé, daté, parfois décousu, parfois trop léger, se dispersant dans l'anecdote chauvine aux relents inutilement passéistes.
La démarche est donc un peu déplacée ; car ces premières et bouleversantes images en mouvement, dont la puissance se suffisent à elles-mêmes tant elles sont le témoin de la naissance d'un art total et de son langage fait de plans, ne mériterait parfois que le silence ou que l'analyse iconographique et philosophique pure, à laquelle le film se livre, heureusement, souvent.
C'est dans ces moments-là, véritablement émouvants, que l'on trouve ce que l'on cherche au cinéma : l'universelle alliance de l'art et de la technique, de la fiction et du documentaire, du sens du cadre et de la direction percuté par l'improvisé et la surprise. Et une trace anthropologique précieuse, sujette aux débats éthique, qui capte quelque chose du monde et, définitivement, fait échouer la mort.