Vomir le tiède
Pour évoquer le Lunes de fiel de Polanski, il faut d’abord revenir au roman éponyme de Pascal Bruckner, grande œuvre littéraire subversive sur la fragilité de la passion au sein du couple. En 1981,...
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le 8 févr. 2013
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Rencontre fortuite. Coup de foudre. Apprivoisement amoureux. 1er corps à corps exultant. Vie commune. Gourmandise charnelle insatiable. Ce sont les débuts classiques d'un couple qui sont évoqués au début de "Lune de fiel". Avec un tel titre, on devine que la suite n'aura rien d'idyllique.
Le cinéaste à l'esprit torturé ne mène son public en bateau que le temps d'un appareillage de paquebot, la rencontre de deux couples, les premières confidences entre maris. Alors, commence une effarante croisière filmique dans une passion sulfureuse, vénéneuse, infernale ! 2 h 18 plus tard, ça tangue fort dans le coin de cerveau où se cache le moi sexuel de chacun.
D'un côté, un beau british (Hugh Grant) et sa diaphane Fiona (Kristin Scott -Thomas), au tournant très fatidique des 7 ans, de plus sans enfant. De l'autre, une ensorceleuse (Emmanuelle Seigner) et un mari en fauteuil (Peter Coyote). Etrange hémiplégique, conscient de l'effet produit par sa femme sur son vis-à-vis, l'oblige à écouter leur histoire. Là, le récit est le rappel du jusqu'auboutisme tenté pour l'entretenir sur le plan sexuel : jeux érotiques ; séquences perverses ; rapports sados-masos !.
Les flash-backs tout en images crues a de quoi diviser quant aux motivations de Polanski. Approche sans hypocrisie de la sexualité humaine, entre pulsions et tabous. Ou alors, pseudo-considérations intellectuelles sur le thème de la manipulation pour habiller une oeuvre quasi-pornographique...
Le pire vient après. De voir comment cette sexualité-là a fini en "cul de sac" ! Et pourquoi les deux protagonistes sont encore ensemble après tout ça. Jusqu'au dénouement final, leçon pour le jeune couple ?
Adaptant le fameux roman de Pascal Bruckner, Polanski signe une fois de plus un film maîtrisé. Très dérangeant. Interprétation mise en danger pour Peter Coyote, assumant une virilité d'abord débridée, puis éteinte ; et pour Emmanuelle Seigner, qui se donne à la caméra en faisant rimer érotique avec névrotique.
Insistons : question échec sexuel, "Lune de fiel" ne fait pas de quartier !
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le 15 oct. 2015
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