Lupin III : Le Tombeau de Daisuke Jigen par SlashersHouse
Lupin III, connu en France sous le nom de Edgar de la Cambriole n’aura jamais atteint le statut culte qu’il connait au Japon depuis les années 70. Quelque chose de dommage car Nicky Larson en aura été le digne héritier, pile quinze ans plus tard, reprenant le concept du beau gentil-méchant qui charme aussi bien qu’il dégaine vite et autant qu’il use de sa cervelle (même si de prime abord on ne s’en rend pas toujours compte, tant il excelle dans l’art de faire des bourdes ou faire preuve d’un comportement inconvenant).
La franchise aura connu — en plus des mangas — de multiples séries, OAV, films, TV specials et même trois métrages live-action (dont un réalisé par Ryûhei Kitamura, papa de Versus et Midnight Meat Train, sorti en 2014 au Japon et qui arrive en bluray ce février 2015 sur l’archipel). S’il en fallait davantage pour illustrer à quel point Lupin est culte cela serait impossible, sinon peut-être dire que Hayao Miyazaki a dirigé les premiers épisodes télévisés, en plus du long-métrage Le château de Cagliostro.
Bref, ce nouvel opus fait sur le papier tout de suite plaisir, car le studio chargé de l’animation est Telecom Animation Film Company, ceux qui ont oeuvré sur le premier film Lupin (Edgar de la Cambriole: Le Secret de Mamo), ainsi que le second (Le château de Cagliostro), et plus globalement sur les décors de références telles Akira, Princesse Mononoké ou plus récemment Le vent se lève (le studio a toujours été assez proche de Ghibli). Techniquement il n’y a donc pas de soucis à se faire, et quant au réalisateur, Takeshi Koike (Patlabor, Trigun, Redline…), il semblait plus que logique qu’il ait un jour à toucher au célèbre gentleman cambrioleur, tant son style se marie bien avec; personnages allongés, couleurs vives et allure résolument roots.
A peine la bobine lancée on constate que le cahier des charges a été respecté, c’est drôle, vif, sanglant, déjanté, les bonnes idées sont nombreuses et le dénouement final est des plus intelligents. Ce qu’il faut savoir aussi c’est que l’oeuvre emprunte aux comics qui mettent en scène la mort de leurs héros, comme par exemple « La mort de Wolverine », « La mort de Superman » et j’en passe. Ici c’est la même chose, ce qui explique le titre du produit, en français « la tombe de Daisuke Jigen », et laisse tout de suite entendre que Jigen, acolyte de Lupin depuis le début, va mourir. Cela n’est certes pas la chose la plus originale que l’on ait eu l’occasion de voir, mais il faut aussi comprendre que le métrage n’en est pas tout à fait un. En réalité il est divisé en deux épisodes de 26 minutes, qui une fois amputés des génériques de début et fin ne totalisent guère plus de 45 minutes. L’histoire va donc à l’essentiel, et même dans ce temps réduit on sent que les scénaristes ont dû rogner un peu partout pour laisser des places à certains passages indispensables à Lupin, mais qui du coup paraissent sortir de nul part, comme l’habituelle — et délectable — exhibition de Fujiko Mine. Quant à Zenigata il faudra carrément attendre une scène post-générique pour en apercevoir le museau, que de cruauté !
Ne nous plaignions cependant pas trop, car le métrage doit être apprécié en fonction de sa durée et sur un temps aussi court peu auraient pu nous offrir autant de fun. D’ailleurs il est tout à fait probable qu’il ait été conçu d’abord comme produit promotionnel pour accompagner la sortie du film live afin d’en augmenter la hype (ce qui a visiblement marché puisqu’il a explosé le box-office japonais !).
Lupin the Third: The Gravestone of Daisuke Jigen est un parfait amuse-gueule qui ravira les fans du célèbre cambrioleur. Trais épais, ombrages old-school, animation au top et déformations de folies lors des scènes d’action comme seul Takeshi Koike sait nous en offrir, c’est un digne héritier d’une longue saga culte. Au moins si le film live ne vous comble pas vous saurez toujours sur quoi vous rabattre !
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