Etonnant de voir un Lupin III au cinéma en France aujourd'hui, alors qu'il était jusqu'ici connu sous le nom de Edgar de la Cambriole, via la série antique de 1971, ou conçu comme un héros de Hayao Miyazaki dans Le Château de Cagliostro, donc un peu éloigné du manga de Monkey Punch.
Etonnant car le petit fils du gentleman cambrioleur a enfin pu retrouver, chez nous, son illustre patronyme d'origine, depuis que la création de Maurice Leblanc est tombée dans le domaine public.
Ce qui est moins étonnant, c'est ce lifting 3D désormais classique des plus grandes icônes de l'animation japonaise immortelle, Lupin rejoignant la tendance initiée par Albator ou encore Les Chevaliers du Zodiaque.
La chose qui saute aux yeux, c'est que Lupin III entame, outre cette mue technologique, une évolution vers un énorme film d'aventures trépidant et exalté, mettant un peu de côté, le temps d'une heure trente de projection, son habilité de voleur. En allant jusqu'à lorgner du côté d'Indiana Jones, pour en retenir la chasse à l'artefact, la fille sur les talons du héros et les incontournables nazis sur fond d'archéologie.
Le souci semble ici d'occidentaliser pleinement Lupin et de séduire le grand public. Volonté qui fera à coup sûr grincer des dents les gardiens du temple. Cependant, l'essence du personnage a été conservée, tout comme son charme immédiat, ses mimiques comiques et son énergie exubérante et folle. D'autant plus que son entourage n'est pas oublié, loin de là : entre le charme de Fujiko et les obsessions foutraques de l'inspecteur Koichi, rien ne manque à Lupin III : The First pour servir son personnage vedette bondissant et charismatique.
L'aventure proposée dépayse et va à cent à l'heure, tandis que Lupin et sa clique emportent tout sur leur passage... Sauf une petite scorie malheureuse dans le but à atteindre, tendant vers le décalque techno d'un Final Fantasy qui n'avait pas trop sa place ici à mon sens.
Ce léger hors-sujet sera pourtant assez vite oublié au profit du grand plaisir ressenti à voir évoluer le cambrioleur, ou encore de la facture technique du film, magnifiée par de superbes éclairages, des graphismes 3D soignés et des couleurs chatoyantes.
Lupin III : The First se montre donc à l'image de son héros, auquel il emprunte sa dextérité et sa légèreté dans une aventure en mode majeur, singulière et séduisante menée tambour battant. Monkey Punch peut se reposer et être rassuré : Lupin est entre de bonnes mains.
Behind_the_Mask, gentleman cambrioleur.