C’était sympa.


M. Tout-le-monde (version col blanc) est un beau jour agressé par une bande de voyous, et décide en réaction de se faire justice lui-même : un concept aujourd’hui battu et rebattu (comme le personnage donc – oh oh), dont ce 13 West Street s’avère ma foi une honnête variation ; et en réalité une plutôt précoce, puisque la vague de vigilante auxquels on pense immédiatement à la lecture d’un tel pitch lui sont en fait tous ultérieurs (concrètement, ça démarrera franchement la décennie suivante).


Précoce, oui, mais déjà parfumée de ce doux fumet bien réac sur l’insécurité (qui n’est toutefois qu’un sentiment, on le rappelle) et sur ces ordures de JEUNES (qui ne respectent plus rien ni personne, ma bonne dame) : un discours (celui du héros meurtri) évidemment à tempérer (le film ne célébrant concrètement pas le recours de son héros à la violence/vengeance face à l’insuffisance de la justice – le condamnant plutôt, son final étant assez explicite en ce sens), mais reste que ce 13 West Street – plutôt efficace – provoque pourtant bien ce plaisir pervers, typique du genre à venir, de suivre un type normal se sentir brusquement pousser une paire de couilles et dépasser progressivement les bornes pour châtier la racaille insolente (et ici dorée, ce qui est surprenant).


Un plaisir mauvais de spectateur hélas balayé au moment du final, qui rentre donc sagement dans les clous en s'interdisant au dernier moment de franchir la ligne rouge... ouf, la morale est sauve... le propos est entendu, et le héros s’en tire in fine les mains complètement propres… Or je confesse sans honte être plus sensible aux propositions plus radicales et pessimistes du genre, celles qui jusqu’à leur terme flattent mes bas instincts de lâche belliqueux, en punissant sans vergogne ni espoir de rédemption les méchants.


Méchants qui d’ailleurs sont ici bien insupportables d’arrogance et d’impunité – donc réussis –, face à un Alan Ladd qui ne m’inspire en revanche rien de particulier – mais qui a pour le coup la gueule de l’emploi –, mais aussi un Rod Steiger bien sympa dans le rôle ingrat du flic. Et une Dolores Dorn très bien en femme du héros, au comportement censé, dieu merci (je pense ici au passage du carreau cassé, à la suite duquel elle crache assez vite le morceau à son mari quant à la réelle raison de cet évènement, là où dans plein d’autres films, elle la lui aurait cachée jusqu’à ce que quelque chose de bien pire advienne, ce qui m’aurait énervé).


Puis le film a le bon goût de jouer l’efficacité, sans fioriture ni gras, 1h20 montre en main, c’est réglo.


Du coup, malgré ses scrupules, ça se regarde gentiment.

ServalReturns
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le 24 sept. 2024

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