Depuis quelques années lorsque je vois un Noé, j'appréhende sincèrement la séance. Je sais que je vais avoir mal, que je vais souffrir et être profondément dérangé et en même temps fasciné par la dénonciation de la violence qu'il fait que ce soit sur la misère humaine de la France désindustrialisée du nord, (seul contre tous) ou les ravages de la drogue (climax) ou la folie sexuelle (irréversible) et le lot de violence qui vont avec tout cela. Son approche finalement humaniste au sens d'étude de la nature humaine profonde, si proche de l'animal lorsque elle est libérée est généralement excellente.
Mais là, rien de tout cela. Peut être est-ce parce que je ne fais pas directement partie de ce monde de la réalisation et ne suis que le spectateur du produit final. Je comprends la dénonciation de la condition des actrices, le chef op qui est prêt à tout pour obtenir le plan qu'il a en tête, notamment torturer ses actrices, la tension qui règne, la frustration de l'incompréhension. Mais finalement, mis à part les premiers plans sur la chasse aux sorcières tirés si je ne m'abuse du film-essai suédois de 1920 Haxän, et la première conversation entre Béatrice Dalle et Charlotte Gainsbourg, le reste laisse selon moi à désirer.
Peut-être est-ce dû au fait que ce soit la maison Saint Laurent qui ai commandé le film, peut être le format du moyen métrage est-il trop court pour permettre à Noé de faire monter ses tensions insupportables.
Toujours est il que le film me semble tomber légèrement à côté de la plaque, sans surprendre véritablement, sans submerger comme ce réalisateur sait généralement le faire.
On comprend tout de même que l'univers de la réalisation est assez difficile et bourré d'intérêts contradictoires ce qui amène certains protagonistes à s'emporter plus que de rigueur. Mais cela reste, selon moi, assez fade.